Le chantier

bouton scoutPar Lama. Le coin des scouts -> Forestage et installations

L’organisation du chantier de forestage doit être simple et fonctionnelle. Tous doivent travailler au même endroit pour des raisons qui vont te paraître évidentes.

Avant tout on commence par la phase d’abattage qui n’a pas la prétention de couvrir dès le début et en une seule fois l’ensemble des besoins de toutes les installations. L’abattage des bois nécessaires aux installations est une affaire sérieuse qui doit être menée avec toute la patouille. Voici comment procéder au moins pour la première série de coupes.

Faire les coupes en patrouille

La patrouille, CP en tête, s’enfonce dans les sous-bois, chaque fois que le CP détecte un arbre qu’il estime pouvoir couper, il le désigne à la patrouille et commente les raisons qui justifient cette décision, par exemple l’essence ou la position, le diamètre, la hauteur etc. Puis il explique à l’usage des plus jeunes comment avec une scie (et non pas à la hachette) on coupe l’arbre en laissant la souche minimale. Quand les premiers arbres ou perches peuvent être emportés vers le coin de patrouille, le second s’en charge, le ou les arbres sont tirés entiers, avec les branches et les cimiers. On ne laisse rien sur l’endroit de la coupe.

À la prochaine fournée, ce sera au tour du troisième de patrouille de retourner au campement avec son bois et ainsi de suite jusqu’au plus jeune qui retournera au coin de patrouille avec le CP en rapportant les dernières perches et les outils.

On peut espérer qu’en procédant ainsi les arbres seront préservés de la rage destructrice qui sommeille chez tout garçon qui n’a pas été éduqué au forestage. Des consignes orales même assorties de la plus grande fermeté sont totalement inefficaces, seul l’enseignement sur le terrain suivi d’un exemple concret et immédiat se révèle efficace.

Aucune trace

Chaque souche doit être noircie avec de la terre de manière à la camoufler un peu ; sinon la blessure fraîche apparaît toute blanche et se détache nettement dans le sous-bois. Il n’y pas d’autre utilité à ce geste, s’il n’est pas fait, la blessure noircit toute seule au bout de deux mois mais entre-temps cette souche se verra. Même s’il a donné son accord, le propriétaire préfère ne pas remarquer les traces des prélèvements.  Bien sûr tu as eu l’autorisation de couper du bois mais il est bon de prendre l’habitude de laisser les lieux que l’on t’a confiés dans le même état que celui dans lequel tu les as trouvés et tes prélèvements doivent rester imperceptibles,

Ensuite les perches sont regroupées et alignées toutes au même emplacement pour faciliter le choix, éviter les déplacements et les gaspillages. Les feuillages doivent également être apportés. Il n’est pas question de les laisser sur place où ils vont signaler l’emplacement de l’abattage. Qu’ils aient été laissés à terre ou que le scout un peu scrupuleux les ait « replantés », de toute façon ils vont sécher et se flétrir et cela fera bien laid. Ces feuillages trouveront tous un usage au camp et au pire il y seront brûlés une fois secs.

Avant de faire voler les premiers copeaux il est indispensable d’avoir préparé des billots. Pour cela tu coupes une petite longueur d’une perche de fort diamètre que tu viens d’apporter et tu la fends en deux. Ainsi tu disposes déjà de deux billots bien stables qu’il suffit de poser au sol sans autre préparation. Vers l’extrémité du billot tu perces une mortaise témoin ainsi tu pourras vérifier régulièrement l’achèvement du tenon que tu travailles.

Commencer par les bancs

tenon assisTe voilà prêt à construire ! Il faut commencer par réaliser des bancs à quatre pieds. Pourquoi des bancs ! Parce qu’ils vont te servir immédiatement et constamment. Le banc est l’installation la plus simple et la plus utile pour le camp. Pour leur construction et leur utilisation, reporte-toi aux sections qui leur sont consacrés. Tes bancs vont te servir immédiatement comme établis de forestage. Rien de plus pratique pour scier ou pour planer. Ne vas surtout pas te compliquer la vie en réalisant un établi de froissartage tel que tu peux en voir régulièrement dans les manuels de froissartage ! Ce n’est quasiment impraticable. Si tu souhaites terminer un tenon à la plane, réquisitionne un banc et un patrouillard ; tu as là le meilleur établi intelligent qui puisse se concevoir. Le patrouillard s’assoit sur le banc et coince la pièce de bois sous son séant. Cela n’a pas encore été précisé mais les bancs que tu vas réaliser ne sont pas plantés en terre, ce sont de simples bancs à quatre pieds qu’on peut déplacer à l’endroit qu’on désire. Beaucoup s’imaginent que ce qui est planté en terre est plus solide, ce n’est pas totalement faux… mais uniquement pour ceux qui ne maîtrisent pas le forestage.

S’aider mutuellement

Les grandes pièces doivent être  tenues presque verticales par un aide pendant que tu y tailles des tenons. Il te les tiendra légèrement inclinées, le tenon sur le billot et il sera chargé de te les faire tourner  pour que tu puisses les tailler sur tout leur pourtour. Le travail d’aide n’est pas du tout dévalorisant, bien au contraire car il permet au chef de patrouille de voir travailler ses patrouillards et de les conseiller. A l’inverse, le novice qui apporte son aide peut observer la manière de s’y prendre de son aîné expérimenté et écouter les explications et les conseils qu’il ne manquera pas de prodiguer. Le forestage est une activité fatigante et personne ne refuse de laisser de côté son ouvrage quelque temps pour apporter son aide et se reposer un peu.

Lorsque tu réalises un tenon, il est indispensable d’avoir sous les yeux et à portée de main une mortaise du bon diamètre. L’idéal est d’en percer à un bout du billot sur lequel tu tailles les tenons. Tu peux aussi tirer près de toi une pièce déjà percée au bon diamètre. La première solution est nettement la meilleure et n’hésite pas à investir dans deux ou trois mortaises de référence au début du chantier.

aide tenon 2

Travailler tous ensemble

Il faut absolument éviter que chacun travaille dans son coin c’est pourquoi il faut qu’il n’y ait qu’un seul chantier qui regroupe toute la patrouille, les outils s’échangent plus facilement et tout spécialement le mètre à ruban. Il en est de même pour les coups de mains, les conseils et la surveillance. À plusieurs, l’ardeur au travail est bien meilleure, on peut parler, rire, chanter. Le chantier de forestage doit être un moment de dépense physique, certes mais également un moment privilégié d’échange maître-apprenti qui fait grandir la patrouille, le tout dans la bonne humeur, pas de Stakhanov chez les scouts !

Un plan en 3 dimensions

Pour bien réaliser une installation il faut un bon plan, simple à comprendre. Glissé dans des pochettes de protection transparentes, il doit trôner au milieu du chantier pour que tous puissent le consulter, se le faire expliquer ou l’expliquer. Sur ce plan il faut avoir tracé une vue en perspective de l’installation, renseignée par les principales dimensions qui permettront de couper et de percer aux bons endroits. Le plan doit aussi contenir l’ordre de montage des sous-ensembles dans le cas de réalisations un peu compliquées et aussi les astuces et des zooms sur les parties importantes. Produire un plan élaboré signifie qu’on a bien réfléchi.

Si tu suis l’esprit et la méthode proposés tu verras que c’est réellement comme cela que tout fonctionne le plus naturellement du monde. Pour ce résultat il faut accepter de tout faire en patrouille et il est préférable de grouper deux ou trois scouts par installation, plutôt que d’en allouer une par scout, suivant sa force. En faisant ceci tu ne fais qu’appliquer le système des patrouilles.

Plan perspective

Nettoyer régulièrement

Le gros des copeaux est rassemblé et mis à brûler régulièrement sur le feu de patrouille. Une fois la journée de labeur terminée, il faut bien nettoyer l’aire de travail. Un nettoyage rigoureux est effectué à la fin des installations et là, il ne doit plus rien mais absolument plus rien rester. Si tu as réparti des aires de chantier un peu partout, ce nettoyage sera beaucoup plus difficile. Si tout le monde a travaillé au même endroit ce nettoyage sera beaucoup plus simple et le coin de patrouille restera propre.

Pas Plantées, Posées

Tu me diras que l’implantation de chaque installation impose de déplacer le chantier ! Pas du tout ! Une bonne installation n’a pas besoin d’être plantée dans le sol, Je ne connais que les mâts des couleurs qui aient impérativement besoin d’être plantés en terre pour se tenir, toutes les autres installations peuvent être construites sur le chantier et portées à leur emplacement définitif pour y être bien calées à l’horizontale. Tu verras que les installations ainsi conçues se maîtrisent bien mieux dans leurs dimensions, qu’elles peuvent se décomposer en sous-ensembles très facilement et se fabriquer par petits bouts. Contrairement à des idées reçues, les installations posées sur le sol sont bien plus robustes que les installations plantées. Tu comprendras cela plus facilement dans le chapitre qui traite des cadres et des modules.

Tout doit servir

Nous avons vu un peu plus tôt qu’il ne fallait surtout pas abandonner dans les bois les cimiers et les feuillages des perches et des baliveaux qui sont apportés sur le chantier. Ces feuillages en se desséchant vont trahir ton action et ton séjour en ces lieux (après un camp rappelle-toi qu’un scout laisse – 1° rien, – 2° ses remerciements). Ensuite ces feuillages seront d’une très grande utilité pour fournir la matière première pour les clayages, les fascines et les entrelacs ; vois à ce sujet la fin du chapitre sur les tables. Les feuillages proprement dits permettront de  confectionner un matelas douillet et bien élastique ou encore un balai. Les nombreuses fourches des ramures vont te donner quantité de portemanteaux. Les feuillages encore te permettront d’isoler tes feuillées d’une manière bien plus élégante qu’avec une bâche et la bonne odeur parfumée des feuilles qui sèchent combattra efficacement les effluves caractéristiques de ces lieux.Au bout du compte, tu risques tout de même d’avoir des ramures excédentaires. A la veillée, pour renforcer les moments cruciaux de certains de tes sketches ou jeux scéniques, jettes par brassées des ramures séchées dans le feu de veillée. La maîtrise de la flamme et de sa lumière a un effet très important sur la qualité de la veillée.

D’une manière générale, tu te dois d’utiliser tout l’arbre que tu as abattu, rien ne doit être laissé. Les articles n°6 et n° 9 de la loi scoute ne disent  pas autre chose

Et ce qui n’aura pas pu être utilisé sera brûlé intelligemment une fois sec.

Installes terminées ? Le forestage continue.

Donc mets un point d’honneur à tout utiliser et à la fin du camp au lieu de brûler le bois des installations, applique-toi plutôt à le ranger en stères bien propres, cela servira sans doute à quelqu’un d’autre : soit au propriétaire qui l’utilisera en bois de chauffage, soit à d’autres scouts qui viendraient après toi. À cette occasion je rappelle qu’on peut faire de très bonnes installations avec des bois secs et qu’il n’est pas du tout obligatoire de réaliser toutes les installations en bois vert. Les perches et les feuillages qui n’auraient pas été utilisées, tu les gardes précieusement et tu les ranges proprement dans un coin, ils serviront tout au long du camp. Les scouts pourront puiser dans ce tas pour façonner divers objets ou pour poursuivre l’installation du coin de patrouille. Les siestes et les moments de relâche seront mis à profit pour ces petits travaux et les patrouillards pourront réaliser ce qui leur plaît à leur rythme (ils pourrons ainsi compléter des épreuves de classes, section forestage).

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