Par Lama
Avertissements
Lorsque la patrouille ou le Kraâl dispose de toutes les commodités, il n’est pas oiseux d’imaginer construire une cheminée. C’est un travail technique assez long et ce peut être considéré comme superflu mais cela change radicalement l’aspect de la tente de patrouille, tente rehaussée bien sûr car une cheminée serait particulièrement dangereuse dans une tente simplement plantée au sol. En clair construire une cheminée ne s’adresse qu’à des gens assez doués et rapides pour avoir déjà tout construit au mieux dans le temps dévolu aux installations.
Que les patrouilles ou les maîtrises qui ne sont pas encore au top se contentent déjà de bien réaliser les installations de base. Qu’elles se perfectionnent et, plus tard, elles pourront se lancer dans la construction d’une cheminée.
les matériaux
Pour construire une cheminée, il faut impérativement disposer en grande quantités de pierres et de boue.
LA BOUE : n’est pas très compliquée à fabriquer : de la terre un peu argileuse et de l’eau. À la rigueur on peut considérer qu’on en trouve partout à condition de creuser un peu.
La terre doit nécessairement comporter une composante argileuse, ce n’est pas forcément le cas de tous les sols. Il faut aussi disposer facilement d’eau. Pour cela il faut un cours d’eau, une mare ou un étang à proximité. L’idéal est de pouvoir creuser dans les rives d’une rivière en étant suffisamment intelligent pour ne pas les faire s’effondrer, le propriétaire ne serait pas content.
La boue ne doit pas couler, ne doit pas s’effriter, elle doit être juste gluante. Les plus jeunes de la patrouille sont assez doué pour bien la patouiller. Il en faut une bonne quantité.
LES PIERRES : il en faut beaucoup et pas trop loin, c’est long et lourd à charrier. L’idéal est de les trouver dans le lit d’une rivière, elles y sont souvent en abondance. Et ce sera très pratique à la fin du camp de tout détruite et de le rejeter à l’eau. J’insiste sur ce point : ce sont les pierres les plus importantes, il en faut beaucoup de toutes les tailles et de formes plutôt plates ou anguleuses ; les galets trop ronds se révèlent être de piètres matériaux.
L’emplacement de la cheminée
Attention au feu qui prend à la tente ou au double toit.
Donc on placera la cheminée sur un bord du double-toit qui prolonge la tente. Le foyer sera raisonnablement loin de tout ce qui peut s’enflammer.
Ensuite, l’évacuation supérieure sera suffisamment haute pour deux raisons : d’abord pour laisser le temps aux escarbilles le temps de s’éteindre dans le conduit et ensuite, si elles devaient sortir par le haut du conduit, les placer assez haut pour limiter le risque qu’elles ne retombent sur le double toit. Sous le soleil, un double toit bien sec s’enflamme avec trois fois rien et la flamme y court incroyablement vite.
Il est terriblement dangereux de faire arriver le conduit à peine plus haut que le double toit, les risques d’incendie sont très élevés.
Le tirage de la cheminée
Là, c’est très simple, votre cheminée tirera très mal pour la simple raison qu’elle est en extérieur. C’est presque mieux pour la sécurité incendie. Vous aurez sans doute de la fumée dans les yeux mais c’est autant d’escarbilles qui ne risqueront pas de monter jusqu’au double-toit par le conduit de cheminée.
Si on est dans une région à dominante d’un vent particulier. (Par exemple Tramontane dans le sud ouest), alors on mettra la cheminée sous le vent mais son foyer au vent. Ainsi la pression favorisera le tirage de la cheminé et le vent emportera loin de la tente, tous les risques d’escarbilles.
Les difficultés d’une cheminée
L’assise
La construction du foyer est difficile et demande beaucoup de pierres. Il faut prévoir l’assise de ce foyer bien large pour que la paroi du fond et celles des côtés soient assez épaisses, sinon les pierres ne tiendront pas malgré le maigre ciment de la boue. La surface au sol de l’assise de la cheminée doit être environ 3 ou 4 fois plus grande que celle du foyer. En outre, au début de la construction il faut utiliser les plus grosses pierres à disposition.
Le linteau
On peut utiliser un linteau en bois. C’est beau et c’est assez commode pour la construction. Cependant, Attention ! Même si les flammes ne lèchent pas ce linteau, leur rayonnement va peut à peu le creuser en le brûlant. Dès lors il y a deux solutions.
- Soit on prévoit ce linteau assez gros pour qu’il reste encore solide après 2 semaine de camp (le bois vert se ronge moins vite que le bois mort mais la différence est faible)
- Soit on le protège sur ses faces inférieure et supérieure : par une tôle qui ménage une ventilation ou par une série de pierres plates disposées sur des barrafs.
Devant ces complications, il est souvent préférable de se passer de linteau en bois et de construire une voûte en pierre et boue. Pour construire cette voûte il faut auparavant se construire un gabarit arrondi (cartons, cageot, planches, rondins, terre…) pour y appuyer la voûte en construction. Ce gabarit pourra disparaître assez rapidement, (on pourra avoir intérêt à le faire brûler plutôt que le démonter).
Si on trouve une grande pierre en longueur, on peut essayer d’un faire un linteau.
Le conduit
Le conduit est assez simple à construire mais c’est assez long et surtout il faut aller haut. Pour cela il faut d’abord monter des bancs puis sur une table et peut être encore plus haut.
Le conduit doit être construit avec des pierres plates de plus en plus petites.
Il faut resserrer progressivement son diamètre pour que l’assise soit bonne et ne pas risquer de le voir s’écrouler. Mais pas d’inquiétude, c’est une tendance naturelle que de monter les pierres en resserrant le conduit. Il faut plutôt s’inquiéter que le départ du manteau et du conduit soit assez large lorsque le linteau est posé.
Pour que la construction soit belle et facile il faut obtenir au final une forme « Tour Eiffel » ou une forme « tenon réussi ».
En outre, il faut monter le conduit suffisamment lentement pour que la boue des parties inférieures ait le temps de sécher pour supporter la masse croissante des nouvelles parties qui s’érigent. Si on va trop vite, ce n’est pas sec et tout s’écroule.
Si on dispose de grands cartons d’emballage, on peut tenter de réaliser des gabarits internes en les roulant puis en les ficelant.
Attention, avec la boue, ces cartons vont être mouillés et vont se déliter. Il faut les huiler pour qu’ils refusent l’eau de la boue. Mais huilés, ils vont refuser le scotch qui ne pourra plus adhérer. Il faut alors ceinturer plusieurs fois le scotch pour qu’il adhère sur lui-même en réalisant des cerclages complets ou alors on utiliser de la ficelle pour ces cerclages. On peut aussi coudre le carton avec la ficelle. Il faut réaliser ces gabarits en forme conique et il en faudra 2 ou 3 pour aller jusqu’en haut de la cheminée. ATTENTION : il faut poser ces gabarits de manière parfaitement verticale sinon la cheminée finale sera de travers. Pas beau et risque d’écroulement.
Utiliser des gabarits prends beaucoup de temps à la pose de chaque gabarit et au final on ne va guère plus vite car, de toute façon, même avec ces gabarits internes, il faut attendre que la boue sèche progressivement pour élever le conduit.
Il faut retirer ces gabarits ( par l’intérieur) avant de faire du feu dans la cheminée car ils risquent de s’enflammer et le conduit va cracher quantité d’escarbilles de carton en feu, ce que risque de ne pas du tout apprécier le double-toit.
Quelques astuces
Si on est fort et courageux, on peut imaginer de surélever sérieusement le foyer et de ne pas le laisser au ras du sol ou simplement relevé sur une sole. Ça fait vraiment bien plus de pierres mais le résultat vaut le coup et ça évite de recevoir trop de fumée dans les yeux lorsqu’on est autour de la cheminée.
S’il y a un talus, on, peut imaginer une cheminée qui y est partiellement intégrée, cela peut donner de très jolies choses et sérieusement simplifier la construction du foyer. Peut être faudra-il utiliser des barrafs pour soutenir ici ou là quelques grosses pierres plates. Il faut creuser (fouiller) placer des pierre et remblayer. En fouillant quelques décharges on peut trouver de très bons matériaux comme de vieilles lessiveuses qui, leur fond retiré, servira de gabarit au conduit.
Aussi, ne pas oublier la technique des gabions : une armature en bois et un remplissage en terre et pierres. Pour façonner le foyer il faut tout de même empiler de grosses pierres plus ou moins plates mais à l’extérieur elles peuvent s’appuyer sur la terre du gabion. Car, bien-sûr, le caisson de bois du gabion ne pourra être qu’à l’extérieur. En revanche il faut faire un conduit en pierre comme précédemment.
Utilisation de la cheminée
Pas de grosses flambées ==> risque de feu dans tente ou sur le double-toit.
Pas de bois vert ou humide qui brûle ==> pour limiter la fumée
Pas de déchets qui puent ==> la cheminée garde les odeurs bien plus longtemps
Au départ du camp
Il faut se résoudre à détruire votre cheminée, de toute façon la pluie va l’écrouler en une seule saisons. Autant le faire proprement à la fin du camp.
Si on construit la cheminée dans une prairie, il est impératif d’éliminer TOUTES les pierres car, l’année suivante, les appareils à faucher n’apprécient pas du tout de rencontrer une pierre dans l’herbe haute, cela provoquera le bris des lames qui sont alors projetées à très grande vitesse dans n’importe qu’elle direction : SUPER DANGEREUX.
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L’art du feu