Article 6

bouton scoutLe scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu, il aime les plantes et les animaux

Ah ! Un enfin article facile qu’on peut respecter facilement. Pas besoin de faire d’effort et pas besoin de se surveiller en permanence, on le respecte les doigts dans le nez

Voyons ça d’un peu plus près : le scout aime les plantes et les animaux. Nous sommes bien d’accord que scouts et guides souhaitent aimer les plantes et les animaux. Mais il faudrait bien s’entendre sur le terme « aimer ». Tout le monde même les pires crapules sont capables de lâcher quelques caresses au cheval ou à l’âne qui tend sa tête au-dessus de la clôture. Aimer les plantes et les animaux ce n’est donc pas se contenter de faire comme tout le monde. En tout premier lieu, aimer c’est connaître.

– Justement, chef, j’ai plein de livres sur la nature.

Sans doute mais tu ne sais pas d’où viens la crème fraîche et tu crois encore que les chauves-souris se prennent dans les cheveux. Il a du retard à combler… et il faut le faire autrement qu’à travers les livres, les films (je ne parle pas de la télé que tu n’as pas).

On aime une personne parce qu’on la connaît. De même aimer les animaux et les plantes c’est se donner la peine de les connaître un peu mieux et un peu plus en profondeur que ce que peut savoir le premier quidam. L’étude de la nature est une mine de renseignement et d’émerveillement.

D’abord la nature est belle. Surtout la partie qui est à l’échelle de l’homme. Elle est toujours neuve. Tout y est en harmonie. Mais il faut la connaître d’un regard intérieur et c’est ainsi que nous l’aimerons puis que nous y vivrons avec plaisir. Cependant, malgré cette beauté, la nature n’est pas un sacrement, elle ne donnera pas la vertu théologale de charité, mais elle en donne le commencement naturel : la vénération, le respect du créateur, en un mot, la crainte de Dieu au sens Biblique du terme.

Ensuite, la nature est conçue avec une intelligence fantastique. Celui qui sait contempler la nature perçoit l’intelligence divine matérialisée dans ses œuvres. La création n’est pas une conclusion intellectuelle tirée de raisonnements abstraits, mais c’est la réalisation géniale d’un Dieu qu’on sent si proche de cet univers qu’on est parfois tenté de les confondre. La nature est infiniment plus qu’une belle machine, c’est un ensemble gigantesque parfaitement au point. Plus on est savant, plus on devrait être saisi d’admiration devant la virtuosité et la pénétration de la pensée de Dieu qui résout, comme en se jouant, des problèmes techniques les plus complexes, les abordant une manière complétement inattendue, et les résolvant toujours avec une élégance époustouflante. Aussi petit, aussi gros, aussi près ou aussi loin que nous portions les yeux, nous observons que tout fonctionne à la perfection. Partout il y des régulations des asservissements, des sécurités, des systèmes qui fonctionnent sans que personne ne s’en occupe. La moindre cellule est une usine, un pays. La créativité de l’homme qu’on vante souvent n’est absolument rien comparée à celle que le bon Dieu à déployée. Rien ne résiste à son talent. Il crée presque l’impossible tout en respectant les lois qu’Il a créées. Ainsi, des mastodontes qui respirent de l’air vivent dans la mer, des mammifères volent la nuit, des oiseaux vivent sous l’eau, des insectes crachent du feu. Toutes les questions de froid et d’isolation de chaleur sont traitées de diverses manières, la façon de manger aussi, de se reproduire, et à chaque fois ça marche et ça marche drôlement bien.Regardons cette organisation absolument géniale entre les créations inertes comme les rivières, les fleuves, les nuages, les collines, les rochers… les créatures vivantes mais dépendantes et insensibles que sont toutes les plantes et les arbres… les créatures sensibles mais déterminées que sont les animaux… pour enfin arriver à nous-mêmes. Et que penser des insectes ? Ces Téra-millards de petits robots destinés à entretenir la terre, à nourrir les oiseaux, les reptiles et batraciens, certains mammifères…

La compréhension de tous ces processus nous permet de bien mieux approcher le monde assez complexe dans lequel nous vivons. Et surtout cela nous permet de mieux aborder, de mieux envisager la « mentalité » de Dieu (si nous pouvons parler ainsi). Connaître un peu mieux la création c’est s’enrichir et s’éduquer de manière fabuleuse.Savoir lire dans la nature l’œuvre de Dieu donne une grande sagesse même pour cette terre. Entre le monde animal et notre monde organisé en société, il existe une multitude d’analogies. La compréhension de mécanismes simples entraîne les esprits à des mécanismes plus complexes et surtout à l’abstraction. On arrive beaucoup plus facilement à conceptualiser si on s’appuie sur une solide collection d’expériences et d’observation.Le scout qui veut savoir comment plaire à Dieu, comprend mieux la morale en voyant comment fonctionnent les petites sociétés animales, comment il faut dresser un chien, comment on obtient un bon service de son âne, que l’on croyait obstiné alors qu’on ne comprenait pas qu’il avait peur du ruisseau. Il y verra aussi la laideur de ses propres défauts. Le bon Dieu a mis tout près de nous certains animaux qui par leur apparence ou par leur nature montre la laideur de certains péchés des hommes : le porc, le loup, la hyène, la vipère, la poule stupide et caquetante, le chien qui est une très sale bête a l’état sauvage et qui devient presque humain s’il a un bon maître, le chat égoïste et ingrat, mais gracieux et charmeur quand il veutobtenir quelque chose. On retrouve des leçons de morale même en regardant seulement comment poussent les arbres dans la forêt ou dans la plaine et comment un arbre reste tordu si un accident l’a déformé au départ.

Maintenant, imaginons un Dieu différent, juste un instant. Un Dieu qui aurait fait l’univers comme les banlieues, les villes, les tunnels, les usines. Des animaux qui s’usent et qui polluent comme les machines humaines. Des animaux et des plantes standardisés pour le marché mondial. Un seul modèle de volatile, un seul modèle de quadrupède. Un seul modèle d’arbre avec uniquement des feuilles carrées, Des campagnes nues et bétonnées, un univers carcéral… ll aurait très bien pu aussi nous faire des décors abominables, peuplés de créatures de cauchemar comme certains cinéastes se plaisent à en inventer. Pour tirer les charrues nos aïeux auraient pu avoir des gros lézards hideux à l’odeur fétide. Ce serait là un dieu qui ressemblerait à un homme, ce serait là un homme qui prétendrait faire le bonheur de l’humanité. Non, rien de tout ça, partout c’est beau et majestueux, partout c’est gracieux et charmant. Les animaux qui vivent tout près de nous nous ressemblent beaucoup. Ils sont familiers par leur corps, par leur comportement, par leur caractère. Même si certains pensent que la nature est moins confortable qu’un appartement moderne, on y est toutefois heureux et en paix, parce qu’on est entouré de choses créées par notre Père du ciel.

Alors, si nous savons nous émerveiller vraiment en profondeur, par l’esprit (et non pas en poussant des Ah ! et des Oh !), nous nous approcherons de Dieu infiniment tendre et aimant après avoir approché le Dieu infiniment ingénieux. Plus besoin alors d’expliquer qu’on n’écrase pas une araignée sans raison valable. La nature n’est pas à nous. La crainte de Dieu nous oblige à traiter avec respect ce qu’Il a créé pour notre service. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus était mourante, et sa sœur la veillait. Comme une mouche la dérangeait, sa sœur voulut l’écraser. Elle s’écria : non, non ! Ne la tuez pas ! ”.Ce même souci du plus petit animal se retrouve chez Sainte Rose de Lima. Elle ne voulait pas même tuer les moustiques et pour cela avait obtenu de Dieu qu’ils de la piquassent jamais. Et elle exigeait la même “ charité ” envers ces petites bêtes quand on venait la voir. L’amour de Dieu, la charité déborde sur le prochain et aussi sur les humbles créatures mises à notre service. Et réciproquement. Ce respect des plantes et des animaux nous rendra facile la bienveillance envers le prochain telle qu’elle est prescrite par NSJC aux baptisés. On lisait dans les manuels des écoles d’agriculture d’URSS : “ nous ne devons pas attendre que la nature nous fasse des cadeaux. L’agriculture est le combat révolutionnaire du peuple pour lui arracher les richesses dont nous vivons. ”. C’était l’anti-6° article.

– Chef, je suis totalement convaincu lorsque je serais en âge, je me lancerai dans l’écologie et la sauvegarde de notre terre.

Attention, sous couvert d’écologie, beaucoup d’institutions vouent une haine féroce à Dieu. Alors que la terre nous est confiée, pour la faire prospérer, pour l’améliorer, pour terminer la création, beaucoup se la sont appropriée pour la gérer seuls et surtout sans Dieu.

« La Planète c’est notre truc et personne, surtout pas Dieu, ne peut avoir l’audace de nous guider ou même de vouloir faire semblant de nous donner des conseils. On ne veut pas prendre modèle sur ce qui existe, on ne veut pas voir ce qu’Il a déjà fait. Ce sera notre plan à nous, notre idée et rien d’autre. Périsse la terre, périsse l’humanité plutôt que renoncer à ignorer Dieu ».

Accusé de naturalisme

Souvent le scoutisme se fait attaquer par des catholiques qui lui reprochent d’être naturaliste. Et c’est souvent à cause de ce 6ème article que se forment ces critiques. En soi la connaissance du Créateur par Sa création est le passage obligé vers la foi. Il favorise la foi. Celui qui sait voir l’intelligence Divine incarnée dans sa création désirera connaître son Dieu, il souffrira de ne pas pouvoir dépasser le stade de la “ crainte de Dieu ”, sans pouvoir vraiment aimer en Lui-même ce Créateur inconnu. Il souffrira de ne pas vraiment savoir comment Lui plaire. De ne pas vraiment savoir s’Il l’écoute quand il prie. Alors il sera prêt pour l’Évangile, la bonne nouvelle inespérée : Le Créateur s’est révélé Lui-même aux hommes, Il s’est fait homme pour que nous le connaissions comme un enfant connaît son père.

Certes, Il y a un danger : Le naturalisme qu’on peut définir comme un courant de pensée qui tend à voir le monde sans le péché originel et sans donc avoir besoin de la Rédemption. Le Christ ne sert à rien et il n’a pas vraiment besoin d’être Dieu. À trop admirer la nature, c’est sûr, on peut tomber dans ce travers grave. La foi catholique nous enseigne que l’homme a été déchu pas le péché et que le monde aussi en a subi les conséquences.

Après le péché originel, le monde perd sa finalité. Il avait été créé pour donner à l’homme l’occasion d’opérer un achèvement personnel et l’achèvement de la création. À l’issue du temps que Dieu avait choisi, ce monde serait devenu le paradis et peut-être Dieu y serait même « descendu » ou s’y serait révélé. La perfection finale de l’humanité aurait été en même temps l’achèvement de la nature créée. Au lieu de ça le monde créé avec ses lois continue à tourner. Ce que Dieu a donné est définitif, il ne le reprend jamais. Le monde tourne, mais il tourne sans but. Par la Rédemption, Dieu a donné aux hommes un but infiniment plus parfait et désirable que ce qu’il pouvait espérer de sa propre nature sans le péché originel, mais ce but est surnaturel. La nature n’est plus qu’un accessoire jetable, un tremplin pour le ciel. Malheureusement, tous n’obtiennent pas la vie éternelle dans l’intimité de la Sainte Trinité. Ceux-là sont voués à l’enfer, alors la nature les ignore, ils ne sont que des parasites.

– Mais pourtant, l’homme continue de faire partie de la création !

C’est vrai. Cependant, comme le monde, l’humanité est atteinte, d’un cancer qui se développe et qui dénature tout. Le monde, la nature et l’humanité déchue continuent leur progression vers RIEN, vers le néant, vers la destruction. Mais le cancer n’a pas encore tout atteint et on trouve encore du tissu sain qui garde intacte l’empreinte du créateur, et qu’il faut savoir admirer. Pour le chrétien, le monde fournit juste la matière et le moyen du salut, pas plus. Car il faut s’échapper, s’évader justement de ce monde qui court à sa perte. Un peu comme si sur un bateau en perdition on trouverait de quoi construire un radeau ou alors comme ce voyageur qui, pour échapper au train fou qui irait s’écraser sur la gare terminus, aurait arraché les coussins des banquettes pour se jeter hors du train.

Mais pourtant à la fin du monde, Dieu ayant définitivement vaincu le péché, tout sera restauré… et les scouts ne seront plus accusés de naturalisme.

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