Par Wapiti. Le coin des scouts -> Bivouac
Quoi de plus déprimant qu’un feu qui ne démarre pas alors qu’il pleut et que toute la patrouille est trempée ?
Pour se fixer les idées on prendra le cas d’une pluie battante. Si tu as la chance de faire face à une pluie moins forte, allumer ton feu sera d’autant plus facile.
La journée de raid se termine et il faut commencer à monter le bivouac, sous la pluie.
C’est le moment critique où il faut quitter son puncho pour monter le bivouac. Le moral remontera dès qu’un bon feu ronflera, mais pour l’instant tout est froid et humide.
Ne pas trop se mouiller
La première chose à faire est protéger les sacs et monter un premier puncho cerf-volant (voir puncho cerf-volant, utilisations multiples).
Il ne faut pas hésiter quitter quelques épaisseurs (pull, treillis…), voire se mettre torse nu pour les plus courageux, pendant les premiers instants où il pleut très fort et où il faut s’activer à chercher des perches, creuser le trou du feu et ramasser le plus de bois sec possible. Si on s’active bien, on n’a pas le temps de prendre froid en 10 minutes. Un pull mouillé sera très long à sécher, une chemise beaucoup moins. Une fois que le bivouac sera à peu près monté on pourra remettre ses épaisseurs, moins mouillées que si on les avait gardées sur le dos.
Le premier cerf-volant doit être monté très rapidement (voir puncho cerf-volant).
Pendant le montage du premier cerf-volant, un scout creuse le trou du feu et les autres s’activent à trouver des brindilles sèches.
Des brindilles bien sèches
On ne peut pas démarrer un feu avec des brindilles mouillées. Il est impératif de trouver des brindilles sèches ou du moins juste mouillées superficiellement. On les trouve sur les arbres et non pas au sol où elles ont tout loisir de s’imbiber d’eau. Un noisetier ou un épicéa possèdent quantité de brindilles mortes encore accrochées à l’arbre. Cela est nécessaire pour démarrer le feu.
Il ne faut pas non plus négliger les écorces de bouleau. On les prend directement sur un arbre vivant en prenant soin de ne pas mettre en danger l’arbre. Le bouleau se recouvre d’une écorce pelliculaire qui finit par peler et tomber. Ces fines écorces brulent très bien et ne s’imbibent pas d’eau.
Le but de la première phase d’allumage du feu est de créer une quantité de chaleur suffisante pour faire sécher, chauffer et enflammer les bouts de bois qu’on va rajouter par la suite. Le bois rajouté et séché va ensuite se consumer et la chaleur qu’il dégagera permettra à un autre bout de bois de sécher. Cette présentation est un peu simplifiée mais l’idée est là. Il faut réussir à créer une réaction en chaine de type avalanche de chaleur, des plus petites brindilles jusqu’aux grosses buches.
Pour créer cette quantité de chaleur initiale suffisante pour amorcer la réaction en chaine, il faut que la réaction soit suffisamment rapide et intense. C’est pourquoi le papier et le bois de démarrage doivent être le plus sec possible. Les CP prévoyants ont dans leurs sac une petite réserve de matériaux inflammables complètement secs
Protéger le feu
Le premier puncho cerf-volant monté servira de parapluie au-dessus du futur feu. Cela peut-être la tâche du plus petit ou du plus fatigué. Il enjambe le feu et le protège. Dès les premières volutes, la chaleur commencera à lui réchauffer les jambes et leur donnera un parfum de jambon fumé.
Il est à noter que par temps de pluie il est quasiment impossible de faire un feu sans fumée. Le bois doit être le plus sec possible pour éviter la fumée…ce qui est difficile par temps de pluie. Heureusement, sous la pluie les odeurs ne portent pas loin et la fumée se perd dans la brume de la pluie.
Le briquet est plus facile d’utilisation que les allumettes même s’il faut aussi prendre garde de ne pas le mouiller. Si la pierre est humide, on ne pourra rien faire. Il en est de même avec un grattoir humide. Le briquet présente l’avantage de pouvoir rester plus longtemps sous la partie à enflammer. On peut en outre faire sécher un briquet mais difficilement une boite d’allumette (elle restera souvent inutilisable).
Si le fond du trou du feu est trempé, il faut isoler le papier sinon il ferra buvard et deviendra inutilisable. Commencer par faire une boulette de papier un peu serrée mais pas trop. Attention à froisser le papier de manière optimale, juste serré pour concentrer la chaleur, mais pas trop serré pour laisser passer les gaz et en particulier l’air pour la combustion.
Construire le feu brindille par brindille
Placer les écorces de bouleau par-dessus puis les brindilles, une par une, en commençant par les plus petites et les plus sèches.
C’est une erreur que de croire gagner du temps en mettant directement un fagot de brindille sur une boule de papier. Par temps sec cela fonctionnera sans doute mais comme ici tu es déjà sous la pluie, la loi de Murphy s’appliquera certainement : le feu va fumer puis s’éteindre.
Si le premier allumage rate, que tout le papier est consumé mais que le feu n’a pas démarré, il faut recommencer au début. Enlever toutes les brindilles, remettre une boule de papier et replacer les brindilles une à une.
Il n’y a aucune chance que le feu prenne finalement en refourrant une boulette de papier tant bien que mal sous la pyramide de brindilles.
Un ratage est déjà éprouvant pour le moral de la patrouille mais 2 ou 3 seront catastrophiques.
Ne pas étouffer, ne pas surcharger
Quand les premières brindilles s’enflamment, il faut charger le feu naissant avec du bois – toujours sec – de diamètre un peu plus grand. Veuillez surtout à ne pas étouffer le feu en chargeant trop vite, le feu a besoin d’oxygène (voir l’art du feu et Maitriser le feu).
Plus le feu se propage et davantage on peut charger avec du gros bois. On peut aussi mettre du bois de plus en plus humide. Attention toutefois : toute l’humidité devra s’évaporer en fumée avant que le bout de bois s’enflamme. Il faut donc que la quantité de chaleur en braises soit suffisante pour faire sécher le bois.
Une fois que le feu est bien démarré le scout qui tient le puncho se brulera les jambes et partira naturellement. Ainsi pas de risque de percer le puncho avec des escarbilles. Le puncho cerf-volant intégrera le cercle des autres punchos qui ont été monté pendant que le feu démarrait timidement.
Avec un bon feu, le moral remonte en flèche. Pour peu que le repas soit réussi et la pluie sera oubliée.
Garder le moral
Pour terminer sur une note positive, sachez que la pluie cesse en général quelques instants au coucher et au lever du soleil. De plus un feu dure plus longtemps sous la pluie car la combustion est plus lente ; il n’est pas rare de retrouver encore des braises le matin quand il a plu la nuit.
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