Par Lama. Le coin des scouts -> Bivouac
Cerf-volant ? Késako ?
Il s’agit d’une bâche tendue sur deux perches placées dans les diagonales. On obtient un rectangle très léger rendu rigide comme un panneau. Intelligemment utilisés, placés ces panneaux « cerf-volant » sont d’une efficacité époustouflante.
Le nec plus ultra est d’utiliser le puncho de type militaire donc les coins sont carrés et parfois équipés d’œilletons. Les punchos aux coins arrondis que proposent certains magasins scouts ne sont d’aucune utilité ici. Ainsi on n’emporte rien de superflu, le vêtement de pluie (ici le puncho) sert également de tente et que l’on soit seul ou en groupe, la tente s’adaptera automatiquement au nombre de campeurs. Le panneau est simplement tenu grâce à une ou deux fourches. Au début du bivouac le cerf-volant est installé avec sa largeur face au feu. Ainsi on peut le placer assez près du feu et avoir les épaules protégées de la pluie. Il peut servir aussi pour protéger le départ du feu. Pour dormir on le place dans le sens de la longueur. Le dormeur présente ainsi son flanc au feu.
Que l’on soit seul ou plusieurs, chacun construit son cerf-volant. On les installe et on les assemble comme on veut, juste en les soutenant par des fourches. On les reconfigure à souhait : en largeur, en longueur, serrés autour du feu, plus écartés, assemblés 2 à 2 en tente… les possibilités sont nombreuses.
Voici comment bien le construire. D’abord prendre deux perches assez longues pour bien couvrir les diagonales. On recoupera à la bonne longueur une fois les nœuds effectués. Prendre des perches assez droites qui ne vont pas se plier sous la traction de la toile tendue. Attention au sens des perches, chaque perche va présenter une extrémité plus épaisse que l’autre. Il faut choisir de mettre les deux extrémités les plus lourdes sur la longueur ou alors sur la largeur du puncho selon la disposition que l’on souhaite privilégier (en général pour la nuit).
S’il s’agit d’un puncho que l’on tend ainsi en cerf-volant, il faut orienter la capuche pour que son ouverture se trouve de préférence vers le bas sachant que les grosses extrémités des perches indiquent le bas. Ensuite Attacher solidement les quatre coins en attrapant la toile cirée par un nœud de galère. Bien tendre et bien ligoter sur les perches. Terminer par des nœuds plats ou des demi-clés. Attention d’équilibrer les tensions afin que, sans présenter de pli, le puncho soit bien tendu sans cet air flasque des voiles sans vent. Pour terminer, effectuer un petit brêlage à la croisée des deux perches. Tout ça prend plus de temps à écrire qu’à construire.
Voilà il ne reste plus qu’à placer une petite fourche qui va soutenir l’une des diagonales et maintenir le cerf-volant à l’inclinaison souhaitée. Inclinaison modifiable à chaque instant. Si on se trouve trop loin du feu, pas de problème, on déplace un peu le cerf-volant. Pour le repas on préférera un abri étroit et haut en plaçant le cerf-volant sur sa petite base. Et pour la nuit on choisira l’autre dimension pour s’allonger sur 2m au plus près du feu (le puncho ne craint pas les escarbilles du feu).
Le cerf-volant est extrêmement pratique, outre son utilisation comme bivouac individuel il peut se prêter à une foule d’utilisation au camp. Par exemple on peut l’apporter à la veillée pour s’abriter de la pluie. On peut assembler tous les cerfs-volants de la troupe pour faire comme une enceinte, un cirque, bien plus intime que le vide de la nuit. On peut appuyer ensemble 2 cerfs-volants pour faire une petite tente. On peut s’en servir pour abriter le départ du feu en bivouac… on peut faire une foule de choses, c’est comme la brique du lego, le cerf-volant devient ce que l’imagination du scout a décidé.
Mais voyons comment le coupler au but de foot. Le but de foot permet de coucher 6 à huit personnes, mais c’est plus dur que ces mêmes personnes s’assoient devant cet abri pour manger par exemple. La place, l’aisance va manquer. Hop ! Deux ou trois cerfs-volants ajoutés et le tour est joué. Ces paravents supplémentaires vont également masquer le feu de manière très efficace. On peut venir refermer partiellement ou totalement le cercle autour du but de foot avec les 2 ou 3 cerfs-volants.
Le cerf-volant possède lui aussi des perches internes, il va donc être possible au dormeur d’y suspendre ses affaires précieuses ou alors d’y accrocher ses effets mouillés pour qu’ils sèchent.
Anecdote 1
Une fois, en randonnée dans la forêt de Rambouillet au mois d’octobre, j’établis mon bivouac dans un coin qui me semble idéal. Soirée et nuit impeccables. Lever au petit matin dans la brume des bois. Je ranime le feu. PDDM. Qu’entends-je ? Des voix et des pas. Ce sont des cueilleurs de champignons. Ils vont passer non loin de mon bivouac. Je n’ai pas du tout envie d’éteindre mon feu. Hop en quelque secondes je déplace mon cerf-volant pour faire écran à ma personne et à la flamme. J’enlève les brandons qui fument et ranime les flammes afin de supprimer la fumée. Les champignonistes passent gentiment sans me voir.
Anecdote 2
Week-end de HP en hiver. Avant de nous coucher nous maraudons un peu dans les bois afin de repérer d’éventuels campeurs dans les environs. Nous rentrons au bivouac. La nuit sans lune est pourtant claire mais impossible de retrouver le bivouac tellement il est bien camouflé dans le hallier avec les punchos et les fougères. Il a fallu que l’un d’entre nous marche sur un cerf-volant pour qu’on retrouve notre bivouac. À l’intérieur le feu est là qui nous attend avec ses braises rougeoyantes. Absolument invisible et inodore de l’extérieur.
Bien tendre
Le secret de la réussite d’un cerf-volant réside dans la tension. Il faut prendre des perches assez grandes quitte à les recouper. L’erreur est de se couper des perches trop courtes et il est facile de mésestimer la longueur nécessaire pour une diagonale. Si un puncho mesure 2 m x 1,5 m la diagonale brute est de 2,45 m mais en pratique il faut couper une perche de quasiment 3 m.
Revers de la médaille
Cette technique assez géniale présente pourtant un inconvénient facile à imaginer : piètre résistance au vent. Avec du vent dans le dos il faut placer 2 fourches alors que sans vent une seule suffit. Il n’est pas superflu d’alourdir la base des diagonales avec de grosses branches mortes. D’une manière générale on s’en sort assez bien en sachant que dans les bois le vent se trouve considérablement réduit. Ensuite comme le cerf-volant est amovible, il suffit de le placer toujours dos au vent pour qu’il résiste correctement. C’est comme cela que le campeur est le mieux protégé du vent. S’il y a plusieurs campeurs, il faut placer les cerf-volant en ronds et leurs perches diagonales se tiennent alors mutuellement. Ne pas oublier de ménager quelques passages pour sortir du cercle. justement ainsi qu’il est efficace en protection.
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