Diriger le Conseil des Chefs

baden_powell_portrait - CopieLe CDC est un point particulièrement important de la méthode scoute. Il entre directement dans l’une des 5 dimensions : le système de commandement. Le système de commandement de la micro société d’une troupe soute en camp n’est pas une  aristocratie (gouvernement par les meilleurs) mais bien ne méritocratie, le gouvernement par les plus aptes. À la troupe, les plus aptes sont en général les anciens ou ceux qui sont formés. Ce sont le chef de troupe et ses assistants et les Chefs de patrouille. Il ne s’agit pas nécessairement des meilleurs mais des plus aptes et donc de ceux qui sont réputés avoir la plus grande expérience. En effet, ne devient pas chef de patrouille ou chef de troupe le premier venu. Accéder à ces fonctions suppose une certaine sélection : beaucoup, mais pourtant pas tous, sont capable de diriger une patrouille.

Le conseil des chefs réuni dont les chefs de patrouille et le chef de troupe. Ce dernier est aidé par d’autres « yeux », d’autres « perception » dans les  personnes de ses assistants.

But du CDC

Le CDC est un organe de commandement quotidien et pragmatique de la troupe. Le but est double : il s’agit de diriger effectivement et efficacement une troupe composée de n patrouilles et il s’agit d’habituer les Chefs de Patrouille au commandement. Ces chefs de patrouille sont potentiellement de futurs chefs de troupe.

1° Prise du pouls des patrouilles

Conseil des chefs camp scoutismeBien diriger suppose avant tout de bien connaître la situation. Le chef de troupe en connaît une partie. Il est capable de se rendre compte d’un certain nombre de choses au court des rasso du matin, des repas, de l’intendance, de la veillée et plus simplement par ses petites inspection ou visites dans les patrouilles. La première condition pour un chef de troupe est donc de ne jamais se couper de sa troupe.

Mais cela ne suffit pas, si les assistants sont efficaces ils prolongeront les yeux les oreilles et la perception du chef, surtout au cours des repas. Les assistants souvent plus jeunes perçoivent différemment. Leur rapport au chef de troupe est important afin que ce dernier ait une bonne perception de la réalité de sa troupe.

Enfin il reste à demander aux CP eux-mêmes ce qui se passe chez eux. Leur réponse sera parfois partiale et tronquée mais c’est tout de même de l’information. D’ailleurs, bien informé par ses « rondes » et par ses assistants, le CT ne posera pas la question : est-ce que ça va bien chez le Loup ? Il demandera plutôt : au fait le novice du Loup a-t-il retrouvé sa gamelle ? À la première question le CP répondra avec bonne conscience que tout va bien. À la deuxième il faudra qu’il réponde oui ou non et dans le cas du non qu’il explique alors un peu plus.

Cette phase est importante, elle permet de travailler ensuite sur du réel. S’il y a un problème de moral (pluie par exemple) il vaut mieux qu’on en parle et que tous en soient conscients. Cette partie sera aussi l’occasion de montrer au CP que rien de ce qui se passe au camp ne lui est indifférent. C’est un très bon moyen pour distiller de manière pragmatique la loi scoute vécue : la gamelle perdue du novice du Loup EST un événement et C’EST important.

2° Redresser ce qui ne va pas

S’améliorer et ne pas se contenter du statut ambiant est la marque d’un bon chef. Tout est important et tout devrait être fait au mieux. Il est bien sûr impossible de s’attaquer à tout pour tout améliorer mais il faut s’y mettre, étape par étape mais dans tous les domaines atteignables. Il n’est pas déraisonnable de demander des effort en cuisine (organisation) et en veillée, ce sont des domaines différents. Cependant dans chaque domaine on passera à l’étape suivante que lorsque la première sera acquise.

Il faut s’améliorer, c’est un impératif. Si le Sanglier ce matin-là n’avait pas fait la vaisselle de la veille au soir (info de l’assistant Gerfaut) c’est parce que la patrouille a dîné très tard… parce que le feu n’était pas allumé et qu’on a mis du temps à le faire flamber. Chaque problème a une cause. Chaque cause possède plusieurs remèdes. Au CDC du lendemain le CT fera comprendre au CP du Sanglier ce qui ne va pas et il lui donnera des idées assez précises pour que ça aille mieux le lendemain. Il dépêchera un assistant ou se déplacera lui-même pour apprécier le zèle déployé par la patrouille pour améliorer ce problème de feu (qui en cache sans doute un autre). Ce type démarche est très important, il faut absolument que les CP prennent le pli de s’améliorer en permanence et toute leur patrouille derrière eux.

Dans cette démarche d’amélioration le CT ne doit pas être le seul à donner des idées, les autres CP peuvent dire comment font-ils.

3° Préparer la suite et le lendemain

Une fois traitée la journée passée, on s’occupe de ce qui va venir. Il était important d’examiner le passé pour déterminer les améliorations qui vont nécessairement prendre place dans l’organisation de la journée à venir. Le CT expose le programme ou ce qui va se passer afin que les CP comprennent réellement ce qui est attendu d’eux. Il s’agit d’en faire des auxiliaires intelligents et entreprenant et non pas de simples exécutants. Le but est de faire voir en anticipation la journée du lendemain afin que sa réalisation ne tienne pas de l’improvisation. L’improvisation viendra de l’imprévu et non pas de ce qui était prévu. Le CT doit solliciter l’avis de ces chefs de patrouille non pas au travers de question vagues du type « est-ce que ça va aller les gars ? » Mais par des questions précises. Benoît, les ampoules de ton troisième ? Pourra-t-il effectuer la marche ? et on attend des réponses claire et précises du genre : s’il le faut je lui porterait son sac ou il prendra mes baskets plus larges que ses chaussures avec plusieurs paires de chaussettes.

Le temps du CDC

Le CDC se réuni au minimum une fois par jour. Il me semble que l’heure idéale soit 17-18H autour de l’heure du goûter et de l’intendance du soir. Certaines activités obligeront à le décaler plus tard. Il peut ce conduire après la veillée.

Un CDC c’est 40 mn maximum. 10 mn pour la journée passée, 15 pour ce qu’il faut redresser et 15 pour la journée qui vient. Ce peut être plus court mais pas plus long. Si possible le CT reçoit au Kraâl. Si possible il y a un petit jus de café (pas de jus de fruits, pas d’alcool, pas de friandises) si c’est à l’heure du goûter on se contentera du goûter réglementaire. Il faut que le CT s’astreigne à respecter la durée du CDC. Si elles ont été correctement préparées avant le camp, aucune activité ne justifie de dépassement. Si cela devait être le cas il vaut mieux alors prévoir un CDC spécial additionnel uniquement centré sur l’activité projetée.

Messieurs les CT et mesdemoiselles les CC, je sais qu’il est agréable de se retrouver avec des gens presque de notre âge et qui « comprennent », je sais qu’il est tentant de faire durer ces instants surtout dans les unités qui vivent bien l’esprit scout (pas dans les camps de prisonniers) Cependant rappelez-vous que le meilleur endroit pour un CP est sa propre patrouille. Ne privez donc pas trop longtemps les patrouilles de leur chef.

D’autres CDC plus courts peuvent se décider et se tenir au besoin ou sur imprévu. Dans ce cas on fera ce qu’on appelle un « stand up meeting » dans l’industrie c’est un dire que la réunion se tient debout dans le but d’être 100% efficace et de ne pas dépasser 15 mn.

Former les chefs de patrouille

Le but du CDC est double : diriger et former les chefs de patrouille au commandement. La meilleure formation est l’exemple expliqué. En agissant de manière constante et régulière pendant les CDC le chef d’unité forme ses CP au véritable commandement. Le CP doit savoir remarquer de lui-même ce qui ne va pas. Il doit être capable d’engager lui-même des améliorations (organisation, esprit, technique…) mais en sollicitant l’aide de ses garçons. Enfin il doit savoir expliquer ce qu’il attend pour demain. La capacité de vision et la projection dans le lendemain EST la caractéristique du chef. À force de faire devant eux en CDC, les CP feront de même dans leur patrouille. De plus, Pendant toute la durée du CDC, passé, amélioration, futur, il faut que les rappels à la loi scoute soient constants. C’est en parlant et en rappelant sans cesse la loi dans des situations concrètes qu’on finit par en vivre.

Le CDC dès le début de l’année

Nous voyons que le CDC est un outil puissant et c’est bien pour cela que BP l’a classé dans les dimensions. Il se peut qu’il faille attendre que tout fonctionne parfaitement vers les derniers  jours du camp (ce qui est en soi un bon résultat). Cependant ne déployer le CDC qu’au grand camp produira des fruits trop tardifs. C’est pourquoi il est important de faire fonctionner le CDC aussitôt que possible dans l’année : au cours des WE, au Cours des camps de Noël, février ou Pâques, rallies ou autres. Au camp il faudrait idéalement que le CDC tourne vraiment bien à la fin des installations. Les fruits surviendront alors rapidement et le camp en profitera vraiment.

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