Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié
Encore un article à deux tiroirs.
Le scout ne fait rien à moitié :
il y a deux significations. La première est que le scout se donne à fond et de bon cœur à ce qu’il fait, même si la tâche n’est pas folichonne. Mais il faut se consoler car aux scouts il y a deux types de tâches uniquement : celles qui sont rigolotes et celles qui sont indispensables.
Le trait de génie du scoutisme est de savoir transformer la majeure partie des tâches en tâches rigolotes. Restent tout de même quelques tâches moins drôles qu’il faut assurer. Je donne quelques exemples: se relever la nuit sous un déluge pour creuser en catastrophe des tranchées sous la gouttière du double-toit. Creuser le trou du mât dans un terrain de caillasse. En fait les exemples manquent car beaucoup de tâches qui sont réellement pénibles comme faire la vaisselle la nuit et à l’eau froide ne sont pénibles que par la flemme indécrottable ou l’inorganisation qui règne dans la patrouille. Aucune force cosmique n’empêche de l’eau de chauffer en vue de la vaisselle pas plus qu’aucun règlement n’empêche de se déplacer près du feu pour avoir de la lumière pendant la vaisselle. On le voit bien il y a peu de tâches vraiment pénibles aux scouts. Et quand bien même ces tâches seraient pénibles, elles restent indispensables et rien que pour ça on s’y donne avec entrain. Celui qui creuse sous le déluge pour établir une tranchée le fait pour ne pas être inondé et passer confortablement le reste de la nuit. Ce but purement matériel devrait lui donner du cœur à l’ouvrage. Donc : ne fais rien à moitié signifie se donner pleinement à son action (jeu, tâche, action de tout type). Ensuite ne fais rien à moitié, ça veut dire terminer son action et la terminer bien, à la satisfaction de celui qui a ordonné la tâche.
– Ah ! Chef, que c’est dur ce que tu dis là.
– Oui c’est dur mais ce sera beaucoup moins dur si les tâches sont intéressantes, opérées dans de bonnes conditions de confort, ou s’il s’agit simplement de tâches nécessaires.
La vaisselle le soir ce n’est pas forcément palpitant mais faite à l’eau chaude et près du feu ça devient presque un plaisir. À ce moment rien n’empêche, et même, tout est là pour qu’elle soit faite bien et complétement, pas à moitié. Et puis même, si vraiment la tâche était pénible, eh bien ce serait ce que Sainte Thérèse appelait la petite voie. Une tâche un peu pénible correctement achevée ça fait plaisir au CP, au CT mais surtout au Bon Dieu là-haut dans le Ciel et ça c’est grand. Je voudrais ajouter une dernière considération : honnêtement je ne connais pas de tâche idiote aux scouts. Alors qu’on en trouve assez facilement à l’armée, à l’école parfois et malheureusement souvent au travail. Profitons donc de ce temps privilégié de l’adolescence et de ces instants bénis de scoutisme pour prendre l’habitude d’aimer la tâche que l’on accomplit.
Obéir sans réplique :
– Chef non, là je ne peux pas lire, c’est au-dessus de mes forces.
– Allons ! Un effort. En fait je vais aller dans ton sens.
Il est vrai qu’obéir à de mauvais chefs c’est très pénible et c’est souvent héroïque mais pourtant c’est ainsi que l’on s’habitue à la patience à la bienveillance et à la charité. Apprendre à obéir au chef est un excellent entraînement pour apprendre à obéir au Bon Dieu.
Obéir à des ordres idiots c’est parfois humiliant, tout à fait d’accord. Maintenant observons la réalité et recensons nos chefs incapables mais vraiment incapables, ceux envers qui l’obéissance est vraiment pesante. Regardons parmi nos CP, CC, CG, parents, professeurs, mères titulaires, mère Prieure. Bon ! Il n’y en a pas tant que ça. Dans une vie d’adolescent privilégié comme toi on peut même dire qu’il n’y en a pas du tout. Au plus on n’aime pas telle surveillant ou tel professeur mais est bien obligé de lui reconnaître une certaine compétence et certainement une clairvoyance bien plus grande que la nôtre.
Maintenant voyons les ordres vraiment idiots. Dressons-en la liste. À l’extrême rigueur on pourrait placer certaines punitions méritées dans les ordres particulièrement idiots. Bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Pour quelques cas exceptionnels rarement rencontrés, ne prenons pas la mauvaise habitude de bougonner, maugréer, rouspéter, revendiquer. Il est plus simple de partir du principe que le chef sait à peu près ce qu’il fait.
– Oui mais ce n’est pas ce que je voulais dire, souvent c’est toujours à moi qu’on demande telle ou telle corvée et jamais à lui. Alors c’est normal que je le fasse remarquer.
– Ah ? Mais je croyais avoir expliqué que la cheftaine, certainement imparfaite, n’était pourtant pas complétement abrutie. De même j’avais cru expliquer qu’il n’y avait pas vraiment de tâches pénibles aux scouts et que les vraies tâches pénibles étaient somme toute assez rares.
C’est une fois ou deux dans la vie d’un scout qu’il faut se relever sous l’orage de la nuit pour aller creuser des tranchées. Et c’est seulement à un certain camp qu’il fallait, creuser un trou dans la caillasse pour le mât. Maintenant si vraiment il te semblait qu’il y eût trop de tâches pénibles aux scouts, alors à ta place je me poserais sérieusement une autre question : est-ce que les scouts ça t’intéresse ?
Un dernier point à aborder : l’obéissance aveugle. L’obéissance aveugle n’est pas chrétienne. Le Bon Dieu nous a donné une cervelle pour que nous nous en servions. Dans une multitude de points il est bon d’obéir au chef que le Bon Dieu nous a donné. On devra dans tous les cas essayer de vraiment comprendre ce que le chef attend de nous et le faire au mieux. Je ne connais pas de vaisselle dangereuse pour l’âme. Mais on ne doit pas obéir quand l’ordre est MANIFESTEMENT un péché ou un désordre grave ou un danger évident. Franchir un barbelé ne lèse personne, on veillera simplement de le faire discrètement. Prendre des cerises sur un arbre n’est pas un mal du moment qu’il n’y a pas pillage. La possession d’un cerisier, disons « exposé », implique un droit de grappillage. On peut donc faire comme dit le CP. Mais s’il dit : « tiens ! Ce gros benêt qui ne sait toujours pas nager on va le balancer à l’eau pour qu’il se débrouille ». (S’il n’a pas pied) Là tu ne dois pas obéir et tu dois t’opposer à cette bêtise grave. Cas est rarissime admettons-le mais il peut arriver. Et là, dans cet exemple de bêtise grave, il est presque certain que ceux qui récriminent habituellement contre une vaisselle seraient prêts à obéir sans réplique.
En résumé, maugréer, répliquer, revendiquer après un ordre n’est pas une attitude de scout et encore moins de chrétien.
Le chef n’est pas mauvais ? L’ordre n’est pas stupide ? L’âme n’est pas en danger ? Alors obéissons de bon cœur au chef et en plus ça fera plaisir au Bon Dieu car c’est ainsi qu’Il veut que nous nous sanctifiions. Pour les choses ordinaires il est toujours préférable d’abandonner sa volonté propre et ses désirs à la discrétion d’un autre, c’est très bon pour la progression vers le Bon Dieu. Et puis ça apprend à devenir soi-même un bon chef plus tard.
Je vous suggère le lire le livre de Mgr Camiade sur le sujet de l’obéissance 😉
Il pourra nourrir votre exposé.