Article 5

bouton scoutle scout est courtois et chevaleresque

À la différence du 7ème que tous comprennent immédiatement, celui-ci semble ne pas engager à grand-chose. Pourtant il s’applique à tout moment et c’est un des articles de base du scoutisme. Nous pourrions expliquer la courtoisie tout d’abord par une attitude constante de bienveillance. En cela cet article complète le 4ème. Mais il va plus loin, il demande d’abord la politesse dans toutes les actions. Être poli vient du verbe polir. Une pierre qu’on a polie a perdu ses aspérités. Lorsqu’on n’est pas poli on est grossier, comme une pierre qui n’a pas encore été polie. En retirant les aspérités de son comportement on rend la vie de la communauté plus facile. Tout glisse sans crisser, tout roule sans heurts et personne n’est égratigné ni blessé. Voilà la vraie raison de la politesse. Mais la courtoisie est bien plus que la simple politesse, la courtoisie c’est l’esprit chrétien dans les relations avec les autres, aussi bien dans la paix que dans les conflits.  » Le chrétien ne répond aux injures et aux malédictions que par des paroles pleines de respect de charité  » voilà ce que disait Saint Justin dans son apologie. Si on reste courtois avec les méchants, a fortiori le sera-t-on avec celui qui est bienveillant.

Chevaleresque : c’est l’esprit chrétien dans les conflits. Le chrétien doit parfois combattre le méchant pour protéger la cité dans le cas d’une guerre juste, pour défendre l’innocent persécuté. Il doit le faire par fonction sociale (le gendarme) ou simplement par charité (défendre la voisine agressée dans le bus). Agir comme un chevalier c’est bannir le mensonge, la déloyauté, la traîtrise. Plutôt être vaincu que de pécher au combat.

Vainqueur, il traitera avec respect et avec honneur (s’il le mérite) l’ennemi vaincu devenu inoffensif. Il se souvient que notre seigneur Jésus-Christ est mort aussi pour que cet homme soit sauvé. Agir comme un chevalier c’est se réjouir du bien et de la vertu, même chez un ennemi. Il lui semble s’enrichir de ses qualités, même si elles le rendent plus redoutable comme ennemi. Pour lui, la richesse morale de son ennemi est sa propre richesse.

L’expérience montre que celui qui n’est ni courtois ni chevaleresque, qui est grossier, insolent, haineux, cruel avec le vaincu, est toujours un lâche et un faible face au danger et à la menace.

Curieusement, on constate qu’à long terme, les chrétiens momentanément submergés par la persécution, la haine et le mensonge, surnagent toujours, tandis que leurs ennemis finissent par mourir de leur triomphe. Les diaboliques vont de victoire en victoire, et ils en crèvent. Nous n’y comprenons rien, mais il faut se rendre à l’évidence : Notre Seigneur Jésus-Christ avait raison et la charité paye, au moins à long terme, même sur la terre. Plus une société est anti-chrétienne et plus elle méprise le 5° article. Dans la société communiste, le « bon » communisme était violent, indigné, toujours l’injure et la menace à la bouche. Il était le porte-parole du prolétaire exaspéré qui prenait enfin sa revanche sur ses oppresseurs. Dans les tribunaux, l’accusé, condamné d’avance, était injurié, outragé, déshonoré, humilié. Dans la guerre, tout est permis : massacre des prisonniers, terreur sur les populations civiles, violation des traités, ravages et destructions. Cette conduite n’est malheureusement plus l’apanage des seuls communistes. Les récents conflits révèlent quotidiennement des actions sans cesse plus répugnantes dans le camp des redresseurs de torts.

Il en est de même dans la société islamique triomphante. Au contraire, lorsqu’une nation se rechristianise parce que Dieu a pitié d’elle, un des premiers effets de la grâce sur le païen et de faire réapparaître la courtoisie et l’esprit chevaleresque. Ainsi en fut-il pour l’Angleterre triomphante de l’époque victorienne. Elle est née en partie de l’éducation de toute une génération qui a combattu Napoléon dans la marine de guerre anglaise. Pour le jeune homme qui arrivait sur le navire, qu’il soit aspirant issu des classes dirigeantes ou simplement mousse raflé dans les rues du port, c’était un régime de goulag. La peine de mort en cas de refus d’obéissance. Le fouet pour la moindre sottise. Même pour le capitaine. Vaincu au combat, s’il survit, il est la plupart du temps condamné à mort par le conseil de guerre à son retour. Et Pourtant sur son navire, on ne devait jamais entendre la moindre insulte ou la moindre grossièreté sous peine de châtiment. L’officier s’adressait toujours ainsi un subordonné :  » faites mes compliments à Monsieur Parkes et dites-lui d’aller remplacer la vigie « . Ou bien :  » faites mes compliments à monsieur l’officier de quart et demandez-lui de venir me voir dès que possible. « . L’officier de quart savait très bien de cela voulait dire IMMEDIATEMENT en cessant toute autre activité. La vie très dure de la marine de guerre jointe à cette courtoisie rigide impitoyablement imposée à tous, fut le commencement d’une transformation chrétienne de l’atroce société protestante issue de la révolution de Cromwell.

Voilà expliqué pourquoi le 5° article est sans doute l’un des plus importants.

Mais revenons à la vie scoute. Avec la courtoisie et l’esprit chevaleresque, la loi scoute semble imposer au scout un handicap face au petit truand violent, menteur et agressif. Il sera peut-être seul car les autres intimidés n’oseront pas le soutenir ou prendront le parti du plus fort. Rester courtois et chevaleresque, c’est s’éduquer à ne pas se laisser intimider ni impressionner par le mal. C’est s’entraîner à maîtriser ses émotions. C’est aussi et surtout ne jamais hurler avec les loups. Dès qu’il il y une meute qui hurle on doit presque systématiquement s’en écarter et prendre le parti opposé. D’ailleurs dès qu’il y a une meute ou un rassemblement à caractère « émotif » il faut presque toujours s’en méfier pour être prêt à s’en désolidariser. Une des devises des chevaliers était :  » fais ce que dois, advienne que pourra « .

Et en devenant adulte, le scout découvrira que celui qui est toujours calme, poli et respectueux impose son ascendant à son adversaire. C’est ça en réalité le vrai courage. Dans la vie professionnelle, il inspirera confiance à ses supérieurs et à ses clients. Dans sa famille, il gardera le respect de son épouse et de ses enfants. Mais les fruits de l’observation de la loi scoute, il ne les voit pas tout de suite. Il voit d’abord le sacrifice qu’il lui faut s’imposer et l’apparente injustice, en restant courtois et chevaleresque d’affronter des adversaires qui n’hésitent pas à donner des coups en dessous de la ceinture.

Savoir qu’on recueillera les dividendes pendant toute notre vie adulte de nos efforts pour rester courtois, c’est trop lointain. Sans la grâce de Dieu, ce premier effort est trop difficile pour la plupart. Et pourtant il n’y a pas d’autre voie. Restons alors dans la grâce de Dieu et entraînons-nous, grâce au scoutisme, à chaque fois que c’est possible, face à des adversaires eux-mêmes courtois (on peut l’espérer). Pendant les jeux respectons la règle de prise, respectons les consignes, respectons la parole donnée. S’il est normal d’utiliser la ruse, on ne doit pas utiliser la traîtrise. S’il est normal de vouloir vaincre, il est mauvais de vouloir vaincre à tout prix, coûte que coûte. J’ai relu récemment la vie de Surcouf, (BD Charlier-Hubinon) elle donne un excellent aperçu de la manière de se comporter. Par exemple, la ruse, il déguise son bateau et envoie un pavillon neutre pour se laisser approcher d’une frégate anglaise mais avant d’ouvrir les hostilités, (canonnade ou manœuvre d’abordage) on amène le faux pavillon et le pavillon Français est hissé. Mais surtout l’esprit chevaleresque transparaît dans la manière de traiter les prisonniers. Rien d’humiliant mais plutôt honneur rendu au combattant valeureux. Surcouf n’a jamais été vaincu mais il est certain qu’il aurait préféré la défaite au déshonneur, voyez de quelle manière il convainc seul et sans arme des partisans royalistes de renoncer à leur tentative de sédition.

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