Le scout est fait pour servir et sauver son prochain
C’est une belle phrase qui fait beau sur le programme mais qui comprend vraiment ce que cela signifie ?
– C’est comme dans la patrouille des castors, chef, nous allons sauver des jeunes des flammes et puis nous allons sauver des familles d’une inondation
Tout ça c’est dans les bandes dessinées, ce n’est pas exactement comme ça qu’il faut comprendre cet article. La réalité est plus facile à atteindre et donne de bien meilleurs résultats. Commençons par servir, c’est plus facile à comprendre et ça enthousiasme moins les foules.
Servir son prochain, c’est expliqué partout dans l’évangile et c’est le commandement que le Christ place sans cesse à la croisée de nos décisions. Aux scouts un peu récalcitrants on applique le 7ème article : le scouts obéit sans réplique et ne fait rien à moitié. Mais à ceux qui se sentent à l’aise avec cet article alors il est proposé de passer au cran supérieur qui est de servir au lieu d’obéir (car dans « obéir » il y comme une odeur de contre cœur). Servir c’est bien sûr lâcher un peu de son confort personnel pour penser au bien-être de tous ou bien d’un autre. Reprenons le cas de l’orage qui éclate en pleine nuit et qui menace d’emporter la tente ou de la submerger. Le scout « modèle courant » se sent bien au chaud dans son duvet et souhaiterait bien que le CP et le second règlent le problème sans qu’il ait lui-même à renoncer à la douceur de ses plumes. Cependant, servir ça veut dire se donner aux autres pour le bien commun. C’est ce qu’a fait Jésus Christ en venant partager notre condition. Alors même si l CP et le second sont sortis pour consolider la tente ou pour creuser la tranchée qui arrêtera l’eau, le scout qui veut servir sera aussi de la rescousse. Et s’il ne peut vraiment pas aider à lutter contre la tempête, à ceux qui triment pour la patrouille il montrera sa reconnaissance. En participant au côté des grands ce scout désireux de servir apprend comment faire et lorsqu’à son tour il devra braver le mauvais temps ou l’infortune il saura comment s’en sortir. On sert efficacement seulement si on est compétent. Le guide n’a pas le droit d’être une nouille qui ne sait pas comment s’en sortir dans une situation un peu délicate. Pour respecter le 3ème article il faut donc avoir la volonté de se former et d’acquérir des compétences sinon on reste un serviteur inutile. Servir sa patrouille c’est être assez fort pour porter ses propres affaires sans être un boulet mais c’est aussi en avoir encore un peu plus dans les mollets pour accepter du matériel collectif ou de la nourriture. Servir sa patouille (et donc chaque fille ou garçon qui la compose) c’est être suffisamment doué pour savoir participer à la construction des installes qui donneront les commodités et la vie intéressante. C’est être assez calé en topo pour retrouver son chemin dans la forêt hostile et tracer la piste pour la patrouille. En veillée c’est savoir chanter avec grâce et entrain pour donner à chacun la joie d’être ensemble au service d’un Maître si doux. Servir c’est donc être conscient de ses responsabilités et les assumer avec joie et brio.
Mais servir c’est encore plus que cela. C’est aussi savoir se priver un peu pour les autres. C’est savoir renoncer à un droit légitime pour le bien et le bonheur de tous. Et c’est maintenant seulement qu’on aborde la deuxième partie de l’article : sauver son prochain. En renonçant à son plaisir légitime, on se sacrifie un peu et chaque sacrifice soulage un peu le poids de la croix sur les épaules de Jésus. Ce poids libéré peut servir immédiatement à d’autres. Comme le Bon Dieu fait bien les choses, ce petit bout de rédemption économisé va servir à ceux qui sont au plus près, c’est à dire aux filles et aux garçons de la patrouille, à leur parents, leur famille. À l’exemple de sainte Thérèse, il n’est pas nécessaire de se lancer dans des actions sensationnelles de sauvetage de la planète, il suffit de bien accomplir sa tâche de CP, de second, de troisième ou de Cul-de-pat.