Le scout est loyal à son pays, ses parents, ses chefs et ses subordonnés
Cet article semble voisin du premier : le scout met son honneur à mériter confiance. Mais le second veut dire bien davantage que : ne pas mentir à son chef. Le scout (ou la guide) ne se contente pas d’obéir ou de ne pas faire obstacle, il s’enthousiasme pour mettre en œuvre ce que son chef entreprend. Par exemple elle ne manque pas les sorties car c’est au cours des sorties ou WE qu’est apprise une technique qui fera donc défaut au cours du jeu suivant. Cela est encore plus important pour le chef de patrouille.
Le mauvais esprit est l’ennemi de la loyauté vis-à-vis des supérieurs, la démagogie ou l’oppression sont les ennemis de la loyauté vis-à-vis des subordonnés,
Loyauté envers le chef
Nous comprendrons mieux ce qu’est la loyauté envers le chef en observant ce qu’est le mauvais esprit. Le mauvais esprit ce n’est pas exactement le mauvais caractère , ni l’esprit borné qui critique parce qu’il ne comprend rien. Ce n’est pas non plus un mauvais cœur, un cœur ingrat. Ce n’est pas non plus l’esprit railleur. Le mauvais esprit est une maladie qui a contaminé tout le monde et dont on ne sait plus remarquer les symptômes tant ils sont répandus dans la société. En politique ce mauvais esprit est le levier principal de l’action, et nul ne saurait espérer engager une carrière politique s’il se l’interdisait absolument. C’est devenu obligatoire. Dans les entreprises, un employé aurait l’impression d’être une dupe, un être sans personnalité s’il ne critiquait pas sans cesse par derrière et s’il ne trouvait systématiquement à redire aux décisions de ses chefs.
Mais le mauvais esprit c’est plus encore. Le mauvais esprit, c’est la subversion consciente de l’autorité par un faible orgueilleux qui sabote par derrière l’action de son chef. Il sabote ses ordres parce qu’il a l’impression de se sentir puissant quand il fait échouer le bien. Très souvent, le mauvais esprit peut arriver à constituer un contre-pouvoir qui paralyse tout le bien que pourrait faire le chef en vue du bien commun. Le mauvais esprit est capable de faire échouer les projets des chefs en suscitant la défiance et le mécontentement chez les subordonnés. (Saboter une veillée, décourager les scouts, saboter un jeu, susciter la méfiance des parents ou du chef de groupe, saboter un projet de camp…). Celui qui a mauvais esprit agit toujours par derrière et porte le masque de la flatterie en présence du chef (voir les 3 camps, le camp de prisonnier) L’instrument principal du mauvais esprit est la parole : non pas le discours incendiaire de révolte debout sur la barricade, exposé aux balles et aux boulets mais la parole du mauvais esprit est fielleuse, ce sont des allusions discrètes, des remarques ironiques qui portent atteinte au respect dû au chef, ce sont le doute sciemment inoculé chez les autres, des insinuations qui sèment l’incertitude et l’insécurité.
Le subversif manœuvre des niais mais il peut toujours protester de son innocence, parce que les paroles qu’il a prononcées pourraient être inoffensives. Mais prises dans le contexte et en fonction de l’interlocuteur de la personne qui les écoutait, ces mêmes paroles soufflent la révolte,
Si par malheur le porte-parole de la révolte, celui qui a répandu le mauvais esprit, devient chef dans une société (président, chef de troupe, chef de patrouille), il commence par la ruiner économiquement. Ensuite il la ruine techniquement. Enfin il tyrannise tous les subordonnés et il maintient son règne en les opposant les uns aux autres. Les fruits obtenus sont bien amers : haine, envie, insécurité et pauvreté.
Le mauvais esprit c’est le souffle du démon. Dans la société c’est la subversion ou la révolution. C’est incompatible avec la loi scoute et bien sûr avec une vie chrétienne.
Si donc vous bannissez ce comportement alors vous serez tout près de la vraie loyauté.
Nous l’avons dit tout à l’heure, le scout loyal s’enthousiasme. Son honneur est celui de son chef. Sa fierté c’est la réussite de l’action de son chef. En cas d’échec ou d’imprévu, il les minimise et sait tout de même voir les aspects positifs. Dans le doute, il soutient son chef. En son absence il pense comme lui, essaye d’agir comme il l’aurait voulu.
Exemple : par suite d’une mauvaise préparation, un jeu avec une autre troupe a complétement échoué. Les troupes n’ont pas fait leur jonction. La nuit tombe, Comble de malchance, il se met à pleuvoir dru. Il faut rentrer, il y a sept kilomètres jusqu’au camp. Sans même se consulter, les CP organisent une marche aux flambeaux avec les torches qui n’ont pas servi au jeu. À tour de rôle ils lancent des chants de marche. Ils rient de se voir complétement trempés et, bien sûr, ceux d’entre eux qui ont été prévoyant ont cédé leur puncho aux plus jeunes. Enfin arrivés au camp (c’est en février), ils installent leurs scouts en pyjama au sec dans leur duvet et eux se chargent de rallumer les feux, de retendre la tente, d’installer des séchoirs sous les ponchos en cerf-volant. Il pleut toujours. Enfin on mange bien tard mais c’est dans une amitié si chaude que, des années plus tard, ce jeu foiré restera l’un des meilleurs souvenirs des anciens de la troupe. Tout simplement parce que tous ceux qui avaient une responsabilité avaient montré qu’ils étaient capables un jour d’être chefs eux aussi. Par cette loyauté envers leur CT dans la difficulté, ils avaient montré qu’ils sauraient eux aussi commander dans l’amour véritable.
La réussite commune et l’amour mutuel, voilà les fruits du bon esprit.
Lorsqu’un scout est loyal à son chef, il ne murmure jamais derrière son dos. S’il a un reproche à faire, c’est ouvertement, face à face, mais toujours avec respect. Et souvent seul à seul parce qu’être le porte-parole du syndicat des mécontents c’est incompatible avec la loyauté. Et il accepte volontiers que le chef ne lui donne pas toujours raison. La loyauté implique qu’on accepte avec la même affection droite approbation ou désaveu, autorisations ou refus.
La loyauté envers les parents
Elle est de même nature que celle envers les chefs et possède le même fondement. Elle est une obligation plus grande parce que la dette de gratitude envers les parents est plus grande qu’envers un chef d’entreprise ou envers un chef d’état. L’enfant loyal ne trompe pas ses parents sur sa piété, sur ses résultats scolaires. Il ne fait rien de défendu derrière leur dos. Il accepte avec le même sourire une permission refusée qu’une permission accordée Il rend service rapidement, exactement et avec le sourire. Le devoir du scout commence à la maison
Loyauté envers les subordonnés
Un chef loyal ne trompe pas ses subordonnés sur leurs défauts. Il ne les trompe pas sur ses propres erreurs. Il ne les flatte pas, et il assume ses responsabilités. Il ne se fait pas servir comme un nabab et n’use pas des facilités que pourrait lui permettre sa position. Il sait mettre en valeur les qualités et les progrès de ses patrouillards (ou CP) sans les minimiser dans le but de se maintenir lui-même sur un piédestal. Un chef loyal ordonne les activités et les attitudes de chacun au bien de l’ensemble mais s’il le faut, il est le premier à se sacrifier au bien de l’ensemble (comme Vercingétorix qui se livre à César)
Bien sûr, même loyal un chef aura des privilèges. C’est ainsi parce que le chef a besoin d’un minimum de tranquillité et de liberté d’esprit pour gouverner avec discernement. En outre certains privilèges sont là pour honorer la fonction et non pas la personne. Le chef loyal ne dirige pas des esclaves ni même des serviteurs, il mène des garçons libres.
La loyauté envers le pays
Cette loyauté est plus complexe. Nous avons reçu gratuitement d’immenses bienfaits des générations qui nous ont précédés. Mais le pays républicain est gouverné par des anti-chrétiens subversifs et le malheureux peuple est la victime sans défense de malheurs injustes dont seul un chef chrétien pourrait le protéger. Cette loyauté envers la terre des ancêtres n’est pas l’adhésion idéologique à la république laïque. Elle n’est surtout pas l’esprit de révolte contre les anti-chrétiens qui nous gouvernent. Cette loyauté envers la patrie est voulue par Dieu parce qu’elle va de pair avec celle envers le royaume de Dieu. Et l’on constate aisément que ceux qui n’aiment pas leur pays ont cessé aussi de désirer le Ciel et qu’ils ont depuis longtemps abandonné toute idée d’y parvenir.
La loyauté envers le pays, les parents les chefs et les subordonnés est une vertu naturelle. Mais elle prépare la nature humaine blessée à exercer la vertu de charité reçue avec le baptême. C’est à partir de cette vertu naturelle exercée envers des personnes que peut alors s’opérer un glissement facile vers la vertu théologale de charité qui nous fait aimer Dieu.
Le scout se prépare à devenir un homme. Un des apprentissages qu’il doit faire, est celui de la loyauté envers ses chefs. Son honneur pour le moment est celui de son chef ou de ses parents. Mais à l’âge adulte l’honneur d’un homme, sa gloire, c’est la part qu’il prend au bien commun de la société. Alors apprenons dès maintenant et vivons la loyauté au jour le jour pendant les activités scoutes, au camp, à la maison. À l’âge adulte, la récolte sera très intéressante : grande confiance en soi, personnalité forte, capacité de commander de manière juste, trouver une vraie place dans la cité
…Et plus tard une belle place au royaume du ciel