Les 5 moyens

baden_powell_portrait - CopiePris comme un tout, les cinq moyens représentent la manière particulière que déploie la méthode scoute pour captiver les jeunes. Les cinq dimensions définissent la petite société scoute mais les cinq moyens expliquent comment agir, on les appelle aussi les cinq moteurs. Le principe essentiel des moteurs est très simple, les enfants ne sont ni tirés ni poussés mais ils avancent seuls, par eux-mêmes, attirés par le mode de vie, la façon d’être et d’agir chez les scouts.

Un bon chef de troupe doit mettre en œuvre ces cinq moyens pour faire tourner la petite société qu’est sa troupe. Les moteurs n’ont été rangés par ordre d’importance mais plutôt par ordre chronologique de mise en route chez l’adolescent. ‘apparition on pourrait dire aussi par ordre chronologique, tout spécialement lorsque l’unité démarre.

Les cinq moteurs qui sont : L’aventure – La bande – l’engagement / l’idéal (la promesse) – les responsabilités – les techniques scoutes.

pour se rappeler des 5 moteurs

L’aventure

La voile de l’aventure qui prend le vent du large avec ses sautes, ses tempêtes, ses embruns.

Il n’y a que cela qui fera que les enfants viendrons plutôt aux scouts que dans n’importe quel club d’activité. Aux scouts on ne va pas leur demander de maîtriser une technique ou un sport, on va les plonger dans des aventures. Le reste viendra tout seul.
L’aventure c’est avant tout des jeux, au cours desquels l’imagination se met à galoper et transforme le moindre effet ou artifice préparé par le chef en quelque chose de grandiose ou dramatique. Il faut donc des jeux ou des actions avec confrontation, cela doit paraître risqué. Le décor et la trame mis en place par le chef sont telle que les garçons galopent par la puissance de leur imagination. Mais pour que cela marche il faut que le chef y croie lui aussi ; il faut qu’il ressente le même plaisir que les scouts. Il doit se réjouir de l’enthousiasme de ses garçons qu’il ressent encore lui-même. Bien qu’il soit obligé de diriger le jeu et de tirer quelques ficelles le chef vit le jeu comme ses scouts. S’il n’en tire plus de plaisir il devient un animateur et l’aventure retombe, autant aller dans un parc de loisir.
Mais l’aventure c’est aussi de partir camper au fond des bois alors que les « bourgeois » restent au chaud devant leur écran.  en campant dans des conditions plus ou moins difficiles  on met un peu sa vie en jeu (ou au moins son confort): risque de mal manger, d’avoir froid, d’être mouillé, de mal dormir, d’avoir peur (entendre non loin du bivouac des sangliers marauder dans la nuit, c’est assez flippant). Mais, lorsque ces risques sont dépassés, on mange comme des rois, on se rôtit près d’un bon  feu à l’abri de bâches, on se sent en sécurité tous ensemble au fond des bois.

La bande

Comme des rameurs on agit ensemble, avec les mêmes codes, le même effort, le même esprit

Capital, la bande ! La bande peut faire marcher le scoutisme à elle seule. Même lorsqu’ils ne font rien, les jeunes sans idéal se réunissent en bande et s’y sentent mieux. La bande, ce sont les codes communs : langage, coutume, aspect. La bande c’est une histoire commune, c’est le soutien mutuel et enfin ce sont les codes qui prennent allure de loi. Quand tout a foiré dans une troupe, au moins il reste la bande. Lorsqu’il faut lancer une troupe, il faut commencer par la bande. Par l’esprit de bande, le groupe se distingue immédiatement de la société des adultes et se met à part. Les signes pour se démarquer se mettent immédiatement en place. Nous avons vu le langage, les codes vestimentaires, les attitudes, la solidarité et la loi interne.
Le scoutisme possède déjà tout ça, il suffit de le déployer et de rendre tout ça attrayant. Cependant, attention de ne pas tomber dans le travers mytho. La bande et tout ce qui tourne autour n’est qu’un moteur et non le but, il ne faut pas l’oublier.

L’engagement / l’idéal (la promesse)

Le cerf-volant va chercher, bien haut dans le ciel, un vent fort et constant… et ça tire ! 

L’adolescence saine et bien équilibrée est l’âge du don de soi. À cet âge on s’enflamme de grands et nobles sentiments et on est prêt à se donner entièrement et sans esprit de calcul. C’est l’âge des serments à la vie à la mort. L’adolescent qui voudrait déjà vivre comme un grand prend chez les grands ce qui lui paraît le plus beau et le plus exaltant. Il admire les héros et rêve de partir au bout du monde, il voudrait partout combattre l’injustice. Souvent il rêve en secret à une jeune fille et voudrait forcer son admiration par son courage, son audace et son panache.
La promesse et tout le cérémonial qui l’accompagne, les couleurs, la loi, la référence aux anciens, l’admiration pour le chef, le jeu des sachems : le scoutisme possède tout ce qu’il faut pour enthousiasmer ces âmes prêtes à se donner.
Le chef doit faire fonctionner et rendre beau tout ce qui tourne autour de l’engagement. Avant tout il doit y croire. Les enfants sentent immédiatement si leur chef vit lui-même ce qu’il enseigne ou s’il est juste en « représentation ».

Les responsabilités

C’est un honneur d’être timonier mais quelle charge ! Il faut la compétence qui va avec.

La troupe commence à tourner, on y vit des aventures au sein de cette bande où l’on se sent chez soi. Un bel idéal commun enflamme nos jeunes mais les plus anciens piaffent. Tout ceci les a comblés mais ils se sentent d’autres capacités et des projets se forment dans leur esprit. Ils ont besoin de commander. Tous n’ont pas ce désir aussi marqué mais chez un scout qui prend de l’assurance, il finit toujours par sortir. À certains il faut confier des responsabilités très tôt, chez d’autres il faudra attendre qu’ils en ressentent le besoin. Ce besoin viendra à mesure de la compétence et de la confiance en soi. Chaque jeune qui se sent des capacités a nécessairement besoin de les déployer. Nulle part ailleurs un jeune se verra confier autant de responsabilités qu’un CP aux scouts.

Les techniques scoutes

La technique permet une aventure à grande échelle, intéressante et exaltante. C’est comme l’hélice qui permet la navigation dans toutes les conditions.

Notre époque est technique, elle n’a jamais été aussi technique et sans doute le deviendra-t-elle encore davantage. Les techniques scoutes ont un goût particulier, elles ont le goût de la petite enfance. Certaines techniques scoutes renforcent l’esprit de bande, d’autres permettent de vivre des aventures encore plus exaltantes, enfin il en est qui permettent de prendre des responsabilités. Ces techniques sont attirantes par elles-mêmes mais en outre elles donnent les moyens d’avancer plus fort suivant les autres moteurs.

Commençons par le forestage et les constructions qui ne sont rien d’autre que les cabanes de notre enfance déployées avec les moyens adéquat.

Le feu et l’art du feu ! Le scout ne se contente plus d’être en enfant fasciné par le feu, il le maîtrise et s’en sert.

Les techniques de discipline remportent toujours un franc succès, certaines troupes ne tournent quasiment qu’avec cette technique (ce n’est pourtant pas très bon). Où donc lève-t-on les couleurs ? Je crois bien qu’à l’armée cela se pratique de moins en moins. Les rassos, l’uniforme, les inspections, les cris de pat et les hurlements de troupe…

Les veillées, ses chants, ses jeux, son fil rouge son rythme.

Le campisme et l’art du bivouac, la cuisine trappeur, les nuits froides, le camouflage au fond des bois dans sa petite bulle douillette.

L’orientation et la topo. Lire la carte, savoir toujours où l’on se trouve, décider par où passer, ne jamais se perdre. En choisissant des itinéraires inédits, se donner la chance de découvertes étonnantes. Déployer cette science au cours des jeux et surprendre l’adversaire.

La science des cordes et des nœuds, pour construire, aménager, naviguer sur des radeaux, lancer des ponts de singes et des trailings… Bien plus rigolo que les accro-branches déjà prêt et sécurisés ; n’oublions pas : sans effort pas de joie !

Et enfin les techniques de jeu pour vivre de grandes aventures.

Les jeux des adultes

Il est frappant de remarquer que, de nos jours, bon nombre « d’adultes » se jettent sur toutes ces techniques revisitées et technicisées. Par là ils tentent d’en retirer de grands plaisirs. Bien sûr c’est peine perdue. Jamais plus ils ne connaîtront ces perceptions très fortes que seuls les enfants peuvent ressentir. Jamais ils ne pourront revivre leur enfance, elle est passée et elle est perdue. Pourtant ils se lancent dans le rafting, le VTT, l’accro branche, le paint- ball, les jeux de rôle, le trek, le truc et le machin… Comme ils sont incapables de goûter les joies qu’ils envisageaient, ils se lancent dans la surenchère technique. Un peu comme un drogué qui doublerait ses doses. La technique et la performance débouchent rapidement sur la compétition qui n’a rien à voir avec l’émulation. La compétition est une passion d’adulte qui tourne le dos à toutes les valeurs de l’enfance.
Enfant on construit des cabanes, adulte on construit des ponts, des avions, des usines. Ces adultes qui n’ont pas connu l’enfance sont des adultes inachevés.

Une grande cohérence

Tous ces moteurs correctement déployés au sein d’une troupe ou d’une compagnie vont produire trois effets.
Tout d’abord l’intérêt des adolescents est attisé et conforté. Le meilleur indicateur c’est l’enrôlement des copains.
Ensuite, une fois ces moteurs en marche, ils renforcent chez les adolescents les 5 dimensions et leur donnent une réalité et une force extraordinaires. Les aventures vécues ensemble, les codes communs, l’idéal partagé et régulièrement réaffirmé, le plaisir de maîtriser les techniques du camp, celui d’organiser, créent ou renforcent les liens de cette petite société qui devient maintenant une construction cohérente ou il fait bon vivre.
À ce stade, il n’est même plus nécessaire de se poser la question des buts, ils seront atteints nécessairement et c’est le troisième effet positif.

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