Par Lama
Les patrouilles regroupent des enfants qui sont uniques par eux-mêmes, avec leurs qualités et leurs défauts. Par ailleurs, les aléas font que des scouts partent et que d’autres arrivent. Il n’y a aucune loi qui ferait que tous ces paramètres s’ajustent automatiquement pour donner des patrouilles équilibrées en nombre et en compétences.
Une patrouille, c’est quoi ?
Une patrouille est le rassemblement de plusieurs garçons entre 12 et 17 ans pour une aventure commune, de plusieurs années, dans le cadre d’une troupe mue par l’idéal scout et sa mise en pratique. La patrouille demeure mais elle se vide par le haut (les aînés) et se remplit par le bas, (les plus jeunes).
Il suffirait de changer d’échelle (et de modifier l’idéal) pour appliquer cette définition à un pays, des provinces et une nation avec des sujets qui meurent et d’autres qui naissent. La nation doit accueillir toutes les nouvelles vies, lesquelles doivent pouvoir trouver une place au sein de la nation et s’y sentir utiles au bien commun. Ces vies nouvelles sont des tempéraments et des milieux sociaux qui ne peuvent être planifiés et il faut faire avec. pareillement, la patrouille doit faire avec ses garçons qui peuvent être juste orienté vers telle ou telle patrouille en fonction de leur âge, de leur tempérament et d’éventuels liens d’amitié.
Si l’on déployait des statistiques sur le profil de chaque scout, on serait surpris de leur extrême diversité, aussi bien en milieu social, qu’en tempéraments, qu’en capacités intellectuelles ou pratiques. Et ce sont ces garçons (ou filles) qui vont faire autant de patrouilles différentes, lesquelles fonctionneront pourtant suivant le même mode scout.
C’est une histoire
Chaque patrouille, par le hasard des tempéraments regroupés mais bien plus par le style et la personnalité de chaque chef de patrouille accumule au fils du temps un vécu qui se transforme aussitôt en « histoire ». Cette histoire influe très fortement sur le présent et l’avenir. Chaque CP trace le chemin de la patrouille mais il part d’une position dont il a hérité et qu’il a lui-même (en tant que second, troisième…) contribué à atteindre. Chaque membre de la patrouille (qui appartient à une troupe, ne l’oublions pas) est donc plongé dans l’histoire de sa patouille (mais aussi dans l’histoire de sa troupe). Il s’en suit alors deux choses importantes :
1° Un scout aîné est un garçon qui a déjà une histoire, alors que les garçons non-scouts sont très rares à en avoir une (la plupart ont subi des règlements et ont erré dans les espaces autorisés par les adultes, sans rien construire). Cette histoire vécue permet au jeune de se connaître, d’avoir confiance en lui et de s’affirmer.
2° Ce vécu de la patrouille engendre un esprit de patrouille. Cet esprit de patrouille n’est autre que la façon de réagir de la patrouille face à des événements, petits ou plus importants. Et ce qui est très important, étant donné ce que nous avons vu précédemment, c’est que cet esprit demeure malgré le départ des anciens et le renouvellement par les nouveaux.
C’est un esprit
Cet esprit de patrouille évolue, bien sûr et heureusement, mais il évolue lentement. Par exemple une patouille douée en installations le restera malgré de nombreuses vicissitudes, il en sera de même d’une patrouille pas très organisée qui le restera longtemps, d’une patrouille joueuse ou un peu moroses…
Cet esprit s’est construit un peu par le hasard.
Des tempéraments qui se sont eux-mêmes frottés à l’esprit de patrouille naissant. Le style d’une patrouille qui démarre est assez vite atteint, en général au bout d’une année et d’un grand camp, l’esprit de patrouille est devenu une réalité.
Cet esprit de patrouille propose du bon et parfois du moins bon. On ne peut pas remplacer le CP ni le second. Par ailleurs, il serait illusoire, par exemple, de vouloir faire entrer un nouveau très ordonné dans une patrouille qui ne l’est pas. Le nouveau sera très mal à l’aise et risque de quitter les scouts ou alors il prendra le mauvais pli à son tour.
C’est une continuité
Tant que les patrouilles fonctionnent bien et que l’esprit qui les définit est conforme à l’esprit scout, alors tout va bien et le chef de troupe est un gars heureux. Mais bien souvent tout n’est pas rose et de réels problèmes surviennent.
Problème d’effectifs simple
Pour des raisons dont elle n’est pas responsable, une patrouille à fondu et se retrouve soudain en effectif réduit. Il faut que le chef de Troupe résiste à la tentation de compléter cette patrouille en piochant des effectifs dans les autres patrouilles.
Si le problème survient en début d’année, on fera monter en priorité les nouveaux dans cette patrouille.
Si c’est en cours d’année, on se lancera dans des actions de recrutements, l’idéal étant de d’avoir des nouveaux pour le camp. Si au moins un des deux aînés, CP ou Second est resté, on continuera avec lui comme CP (s’il ne l’était déjà) et on fera accéder le plus capable au poste de second. Au pire, il faudra tenir bon jusqu’à la rentrée.
Problème d’effectifs liés à un problème d’esprit de patrouille
Pour des raisons dont elle est responsable, une patrouille à perdu plusieurs de ses membres ; en clair, ses gars arrêtent le scoutisme.
Il est manifeste qu’un problème plombe le fonctionnement de la patrouille et le CT doit l’identifier. Notons cependant qu’il aurait dû s’en apercevoir bien avant et prendre aussitôt les mesures correctives ou préventives nécessaires.
Il y a deux types de problème : CP pas à la hauteur ; Patrouillard impossible.
CP incompétent
Il ne servirait à rien de compléter une patrouille dont le CP est incompétent, écœurés à leur tour ces nouveaux partiraient ou deviendraient incompétents. L’incompétence technique peut être épaulée et soutenue, mais pas l’incompétence de commandement. Dans ce cas le CP incompétent doit partir et laisser la place à un gars qui dirigera mieux. On peut alors compléter la patrouille (nous verrons comment faire dans « dégarnir une patrouille »)
Patrouillard impossible
Exactement le même remède, on retire le problème et alors la patrouille peut repartir. Mais comment recycler ce patrouillard impossible ? Si tout le monde est d’accord, la meilleure solution consiste à placer le cas difficile dans la patrouille la plus solide ou dirigée par le CP le plus chevronné. En général, le cas difficile termine l’année sans poser trop de problème, le camp peut se bien passer mais il arrive souvent que le cas difficile quitte la troupe à le rentrée. Il peut exister des cas d’incompatibilité de caractère mais c’est en général entre deux garçons, pas entre un garçon et le reste de la patrouille. Dans ce cas, un changement de patrouille donne de bons résultats. Et à la rentrée on équilibre les effectifs avec les nouveaux.
Dégarnir une patrouille ? Oui mais d’un seul garçon
Pour les raisons expliquées ci-avant, le Chef de Troupe peut être amené à prendre UN SEUL garçon d’une patrouille et le placer dans une autre. Cette action ponctuelle est possible : d’abord si tout le monde est d’accord et ensuite si le candidat au changement est un garçon solide, car quitter un esprit de patrouille pour se retrouver plongé dans un autre esprit de patrouille peut sérieusement déstabiliser.
Créer une nouvelle patrouille.
Cas de figure sympathique, les effectifs sont aux max dans toutes les patrouilles ou alors, la troupe possède trop de garçons capable de diriger (CP ou SP) et certains risquent d’être frustrés de ne pas accéder à des postes dont ils se sentent capables. Il faut alors créer une nouvelle patrouille. Comment faire ?
1° Repérer le gars le plus capable. Ce n’est pas forcément le plus âgé, au contraire, lancer une patrouille peut demander deux ans et il est souhaitable que le premier CP de cette nouvelle patrouille tienne la barre deux années pour lancer, affermir et développer l’esprit de patrouille. Même recommandations, il faut que le CP actuel du futur CP soit d’accord pour lâcher un si bon patrouillard. Ce dernier doit être très motivé pour créer cette nouvelle patrouille, sinon il vaut mieux chercher quelqu’un d’autre.
2° Demander au nouveau CP de choisir son second dans une autre patrouille. Prendre un garçon relativement jeune pour et surtout motivé. Cependant, la première condition est qu’’il s’entende parfaitement avec son futur CP. Pareil, il faut que l’actuel CP de ce nouveau second soit d’accord pour lâcher son patrouillard.
3° C’est parti ! On choisira la rentrée pour lancer la patrouille et le CT affectera davantage de nouveaux à cette nouvelle patrouille (2 si possible).
4° première activité de la patrouille : recruter des copains de nouveaux, éventuellement proposer des périodes d’essai.
5° Le CT surveille particulièrement cette nouvelle patrouille qui peut éventuellement tourner en sous effectif la première année. Il peut l’épauler pour combler quelques lacunes techniques mais il veillera à ce que les bons réflexes scouts soient pris dès le départ.
Ce qu’on ne doit jamais faire
Dans tous les cas il existe quelque chose à ne jamais faire : égaliser, harmoniser les patrouilles. Cette pratique est malheureusement courante. Comme les patrouilles progressent de manière différentes et que des déséquilibres se créent – de la faute du CT ou pas – ce dernier peut être tenté de rééquilibrer son petit monde en changeant de place, des seconds, en déplaçant des patrouillards… On retire ainsi de la compétence là où il y en aurait trop et on l’injecte là où elle manquerait. Même chose pour les effectifs, on retire des garçons aux patrouilles trop nombreuses pour les répartir dans les patrouilles squelettiques. En général ces opérations dégénèrent en catastrophe : on démotive les bons et on n’améliore pas les médiocre parce que le problème n’a pas été attaqué à la base mais qu’on a juste traité ses conséquences.
1ère règle : Il faut toujours traiter le problème qui a mené à la situation qu’on voudrait corriger. Souvent l’action est longue et demande du suivi… il faut passer par là.
2e règle : on ne déplace qu’UN SEUL garçon et que dans UNE SEULE patrouille (sauf en cas de création de patrouille où on déplace 2 garçons pour devenir CP et SP)
3e règle : tout se fait avec le plein accord des intéressés.
4e règle : si le problème réclame une action un peu sérieuse, alors il vaut mieux fermer une patrouille quitte à en rouvrir une autre lorsque les choses iront mieux.
En conclusion
il faut respecter au maximum les patrouilles qui sont de véritables entités vivantes, douées d’un esprit, et capables d’évoluer dans une certaine continuité. Ne pas les charcuter ni les chambouler mais les guider, les former et donner l’exemple et cela prend souvent du temps.
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