La pratique religieuse au camp

baden_powell_portrait - CopiePar Ourson.

« Le scout est fier de sa foi et lui soumet toute sa vie. »

Lorsqu’un novice arrive à la troupe, cela fait partie des premières choses qu’on lui apprend, c’est le premier principe, que personne ne contredira.

marieIl élimine d’emblée une espèce de catholiques, inconnue chez les scouts je l’espère, qui estiment que la Messe du dimanche est suffisante pour le salut et qui se contentent d’être « catholiques à l’église » tout en se contentant de vivre à l’extérieur comme n’importe quel incroyant. Non. Le scout est fier de sa foi et lui soumet toute sa vie. Mais comment parvenir à ce que la foi imprègne toute l’existence, devienne une seconde nature, sans se satisfaire d’un simple vernis de piété appliqué lors du camp ? Vernis bien beau, brillant, mais qui craquèle bien vite…

Déjà, si toi, chef, tu es convaincu de ta foi, tu en vis, tes jeunes le sentiront. Rien ne parle mieux que l’exemple vivant. S’ils sentent que pour toi, c’est important, que tu mets en pratique ce que tu exiges d’eux, déjà, la première manche est gagnée.

Plus concrètement, comment organiser ton camp en y intégrant la vie de prière sans que cela pèse et devienne pénible ?

Parce que le but est bien d’arriver à une spontanéité dans la vie de prière. Que le scout puisse facilement reproduire ce qu’il a vécu en camp, même lorsqu’il se retrouve seul après en période scolaire. Le grand danger serait de vouloir faire du « dressage d’automate » : oui, on aura des scouts impeccables qui récitent le chapelet à genoux tous les jours mais une fois sortis du cadre « camp », ils lâcheront tout parce que ces pratiques leur auront été imposées. En quoi éduque-t-on la liberté de l’enfant ? Une fois seul, il ne sera pas capable de choisir la bonne solution puisqu’il n’aura plus les garde-fous chargés de le guider.

Voici une journée … 100% vécue. Ce sont des exemples que j’ai expérimentés. On peut en retenir l’esprit et trouver mille autres organisations.

La totoche du réveil sonne. On fait la prière du matin en patrouille, pourquoi pas avec la 1ère dizaine du chapelet déjà ? On peut cibler les intentions propres à la patrouille, ou tel effort… Lors du rassemblement, le CT lance la prière de troupe : l’hommage de la troupe réunie au Bon Dieu qui octroie une nouvelle journée. La prière scoute, chantée vigoureusement (car c’est une prière de soldat) et au toujours prêt peut suffire. Arrive le PDDM. Le bénédicité et les grâces encadrent le repas, on les chante, c’est alerte mais digne et cela confère une certaine tenue au repas. Je parlerai ici de l’Angélus. C’est une bonne habitude à prendre, recommandée par l’Eglise, que de le réciter 3 fois par jour, pour honorer l’Incarnation rédemptrice. On peut le réciter ou le chanter avant le bénédicité. Pourquoi pas donner un coup de totoche à l’heure de midi et les scouts le récitent là où ils sont, comme ils sont, à 2, 3… ? Nos ancêtres faisaient bien ainsi.

Le chapelet. Plutôt que de se bloquer 20 minutes pour le réciter en troupe en grand uniforme… chose qui ne se retrouve pas dans la vie courante, pourquoi ne pas donner l’habitude de le réciter en patrouille au cours des activités ? C’est facile pendant une marche, pendant la vaisselle (ainsi on tient compagnie à ceux qui la font) pendant un service d’eau, de bois, que sais-je ?

fr-joubert-suchard-messeLa Messe. Certaines unités ont la chance de disposer d’un aumônier pour toute la durée du camp. Très bien, d’autant plus lorsque l’aumônier est lui-même ancien scout et qu’il vit comme la troupe l’aventure du camp. Faut-il pour autant imposer l’assistance à la Messe tous les jours à tous les scouts ? Il n’y a guère que les âmes consacrées et ceux qui suivent une retraite spirituelle qui y soient tenus… Mais de jeunes ? Il y a de grandes chances de les rebuter, voire de les dégoûter. « La grâce de Dieu agit quand même », vous dira-t-on. Oui, la grâce de Dieu est toute-puissante, mais elle ne brusque pas la liberté, elle ne force pas une nature mal disposée. C’est la parabole du semeur, qui sème son grain sur différents terrains.

Encourager, faciliter l’assistance à la Messe. Montrer l’exemple en tant que chefs (j’ai connu des chefs qui exigeaient de leurs scouts la présence quotidienne à la Messe sans y être présents eux-mêmes). Que la Messe n’alourdisse pas le programme de camp, ne freine pas les activités. J’ai essayé une Messe à 11h30 (ce qui permet de respecter le jeûne eucharistique), il y a un scout au moins qui reste pour préparer le repas. C’est de toute façon l’heure à laquelle les activités ralentissent puisqu’on distribue l’intendance à ce moment. S’il faut choisir entre Messe et grand-jeu, le grand-jeu prime. On est en camp scout, pas en retraite spirituelle.

La prière du soir enfin. L’action de grâce et l’examen de conscience trouvent tout naturellement leur place en fin de veillée.

 croixSe dire et se redire que le camp, sans être une retraite d’exercices spirituels, permet à la vie intérieure de s’épanouir. On ne met pas de côté la prière, on en vit comme on en vit tous les jours de l’existence, sans forcer, sans chercher à dresser l’automate mais en formant la liberté. L’avantage de présenter cette pratique religieuse comme facile et naturelle, c’est que les scouts seront bien disposés, et une fois seuls, reproduiront plus spontanément ce qu’ils auront mis en pratique durant le camp.

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2 réflexions sur « La pratique religieuse au camp »

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