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Par Lama. Le coin des scouts -> Forestage et installations

Juste ce qu’il faut

bouton scoutLes outils pour le forestage sont peu nombreux et sont tous très anciens, il est fort probable que saint Joseph a utilisé pratiquement les mêmes pour son métier de charpentier charron. Ta cantine de patrouille devra donc comporter les outils de forestage suivants et seulement ceux-là. Tout supplément est superflu.

Hachette
Scie
Tarière et manche
Plane
Coin et masse
Ciseau
Cisaille, sécateur, machette
Couteau

Avant de revenir en détail sur chaque outil, je tiens à marteler une chose extrêmement importante : les outils doivent être tous parfaitement aiguisés (ou entretenus) Avant le départ au camp ils doivent avoir été vérifiés et entretenus de manière à ce que leur fil soit bien tranchant. Il faut qu’en passant délicatement ton doigt sur le fil de tes outils ton échine soit parcourue du frisson désagréable annonciateur de drames imminents. Tu me répondras avec assurance que de tels outils sont dangereux.

Aiguisés = bon travail = sécurité

Eh bien non ! Les outils dangereux sont les outils émoussés et je le démontre ! Un outil émoussé ne coupe pas bien et ne pénètre pas bien dans le bois. Il faut alors redoubler d’efforts pour arriver à quelques résultats, la précision du geste se dégrade et l’énervement grandit jusqu’au moment où l’outil rate son coup, ripe, rebondit. C’est l’accident une fois sur deux. Une blessure provoquée par un outil émoussé lancé avec ardeur est bien laide et surtout bien profonde. Avec le même outil bien aiguisé, pas besoin de forcer, de petits mouvements secs et précis suffisent, le fil de l’outil entre dans le bois comme dans du beurre et le ripage ou le rebond disparaissent. Il est également un facteur psychologique important qui contribue grandement à limiter les causes d’accident : savoir que l’on manipule une lame de rasoir incite à beaucoup de prudence et donc à beaucoup plus de réflexion dans la façon de se placer, de tenir la pièce de bois, de placer ses mains. Cette règle vaut pour tous les outils. Un acier bien affûté entre sans rechigner dans du bois vert même sous une faible impulsion, le mouvement s’effectue en finesse et en précision et non en force aveugle. Il y a bien sûr des coupures au camp mais à y regarder de près, les accidents sont toujours consécutifs à une utilisation dévoyée des outils, à l’inobservance de règles de sécurité élémentaire ou à des jeux stupides (par exemple utiliser le dos d’une hachette comme un marteau, se lancer les outils au lieu de se les passer, jouer à la « pichenette » etc.).

Il faudra donc emporter au camp le nécessaire pour affûter les outils. Une lime fine et dure et une pierre à aiguiser feront l’affaire. Il faut également veiller pendant toute la durée du camp à prendre soin des outils et à préserver leur fil en appliquant des règles élémentaires comme celle d’utiliser systématiquement un billot, de ranger les outils, etc.

Maintenant étudions les outils un par un.

La hachette

hachetteC’est l’outil scout par excellence et l’outil de base que tous connaissent. Bien aiguisée et bien emmanchée, elle te rendra tous les services. Je ne donnerai pas de conseil sur son type, elle ne doit pas être trop lourde sinon elle fatigue très vite le poignet et on perd l’indispensable précision des coups portés. Le manche ne doit pas être trop long pour la même raison. La hauteur d’emmanchement doit être suffisamment haute pour que le fer reste bien assujetti au manche. Il ne faut pas confondre hachette et cognée, de cette dernière tu n’as nul besoin au camp. Tu ne saurais pas t’en servir et de toute façon il ne faut pas couper les arbres à la hachette mais à la scie.

Ma hachette

Une bonne hachette est une hachette personnelle. À partir de la seconde classe, un scout se doit d’avoir sa propre hachette qu’il entretient avec un soin jaloux et qu’il ne prête qu’à contrecœur. C’est certainement la meilleure façon de prendre soin des outils que de leur offrir un vrai propriétaire, une bonne patrouille peut compter trois ou quatre scouts ayant au moins le niveau de seconde classe, cela devrait donc faire au moins autant de hachettes dans la patrouille ; c’est aussi la meilleure façon de s’assurer que les plus jeunes apprennent le maniement de la hachette et ses règles que de le faire avec la hachette personnelle d’un ancien et donc sous son contrôle vigilant. Pour le transport de ta hachette, le plus simple est d’entourer le fer par plusieurs tours d’une toile épaisse bien sèche.

hachette2

Pour des (petits) travaux d’abattage saisi le manche au bout afin d’avoir de la vitesse et de la puissance dans tes coups. Pour du forestage et spécialement pour la taille des tenons, il faut tenir la hachette près du fer. Le manche y est large et ainsi le poignet ne fatigue pas. Ce que tu laisses en puissance tu le récupère en précision mais il faut une hachette parfaitement aiguisée.

La scie

La scie est aussi importante que la hachette pour le forestage. Il est conseillé pour cette raison d’avoir au moins trois scies en patrouille. Une scie de scout ne doit pas dépasser 60 cm de longueur totale ce qui conduit à une longueur de lame de 530 mm car il est bien rare d’avoir à couper des baliveaux de plus de 20 cm de diamètre au camp. Pour ma part, j’ai vu utiliser des diamètres de plus de 20 cm pour faire des roues (brouettes, kart) et pour faire des tabourets à partir de rondelles débitées dans un tronc déjà couché. Il existe des scies encore plus petites et elles sont très partiques. Mais il faut alors au moins en avoir une de 60 cm environ.

scie

Il peut être dangereux de manier une scie à deux. C’est peu efficace et c’est un bon moyen pour se blesser et une manière sûre de scier de travers, une lame courte est beaucoup plus raide en torsion qu’une lame longue et cela t’aidera à scier droit. En tout cas pour le forestage c’est toujours inutile de scier à deux ; c’est pourquoi une scie d’une soixantaine de centimètres est suffisante au camp. Cette même scie, grâce à sa taille raisonnable, pourra être emportée sur un sac à dos pour une sortie de patrouille, pour un bivouac, pour l’explo. Il existe depuis longtemps d’excellentes scies à cadre tubulaire de forme trapézoïdale (et non pas triangulaire) dont les lames sont normalisées, celles de 53 cm seront parfaites pour le forestage en patrouille.

Les lames de scie ne s’usent pas très rapidement mais il ne faut pas hésiter à les changer dès que tu sens que tu fatigues de manière anormale. Cela signifie que les dents sont émoussées.

Des dents avoyées
Autrefois les lames de scies étaient avoyées. Donner de la voie à une lame de scie consiste à incliner alternativement les dents à droite et à gauche. Il en résulte que le trait de scie est nettement plus large que la lame et celle-ci y coulisse sans aucune contrainte. La scie est facile à manœuvrer mais aussi elle descend droit et tu peux maîtriser ou diriger le trait de scie. De nos jours, la plupart des lames ne sont plus avoyées. On compte juste sur l’affûtage acéré et alterné de chaque dent pour réaliser un semblant de voie. Ça marche assez bien tant que les dents sont bien affûtées. Mais dès qu’elles s’émoussent, la scie devient difficile à manœuvrer : normal, le trait de scie tend à devenir plus étroit que la lame. Il se passe également que la scie ne descend plus droit ; le trait s’incurve et tu ne peux rien y faire. Souvent on pense qu’il s’agit d’une tension de lame insuffisante mais c’est juste la voie qui est devenue négative (trait plus étroit que l’épaisseur de la lame). Mais si les fabriquants ont supprimé la voie c’est que les traitements thermiques sont si performants qu’ils rendent les dents très dures et qu’elles gardent longtemps leur mordant. Si tu essayes d’avoyer de telles lames, bien souvent la dent se casse, tellement l’acier a été durci.

Une lame de scie achetée seule (en rechange) Ici, on voit que la trempe ne va pas jusqu'au pied de dent, donc on peut avoyer sans casser la dent, le métal non trempé reste souple. Mais cependant cette lame est déjà avoyée d'origine, elle est presque aussi chère qu'une scie complète.
Une lame de scie achetée seule (en rechange) Ici, on voit que la trempe ne va pas jusqu’au pied de dent, donc on peut avoyer sans casser la dent, le métal non trempé reste souple. Mais cependant cette lame est déjà avoyée d’origine, on le remarque grâce à la réflexion de la lumière sur les dents. Elle est presque aussi chère qu’une scie complète mais c’est une bonne lame qui va durer longtemps..

La conclusion c’est qu’il faut changer les lames dès que tu sens que ça ne scie plus comme il faut. L’ennui c’est que bien souvent une lame neuve est au même prix qu’une scie neuve et que bien souvent il est difficile de trouver des lames de rechange à la bonne dimension. Un truc pourtant : Seules les dents sont très dures mais le large de la  lame peut se couper et se percer sans difficulté. Il est alors possible de trouver une lame trop longue, de la recouper et repercer aux dimensions de ta lame usagée. Le cadre tubulaire ne s’use pas et lorsque tu en possède un qui donne satisfaction mieux vaut le garder. ET il y a un super bonus ! Les lames de rechanges proposées sont très souvent des lames de marque et de qualité et… les dent sont avoyées, ça se voit très bien sur la lame dans son emballage. C’est sans doute cela qui explique leur prix plus élevé (ou plutôt, ce sont les scie vendue complètes qui offrent des lames mal fichues mais bon marché). En le disant autrement, les scies achetées neuves ont souvent des lames pourries qui fonctionnent le temps d’un camp ou deux mais si on les change lorsqu’elles sont usées il faut prendre des lames de qualité à denture isocèles. Car il existe plusieurs profils de denture pour les lames de scie, la meilleure denture pour les travaux de forestage est celle dont les dents sont une succession ininterrompue de triangles isocèles. Cette denture relativement fine est précise aussi bien pour le bois vert que pour le bois sec. Les dentures dites américaines sont « recommandées » pour le bois vert mais à l’expérience elles fonctionnent moins bien et surtout, elles perdent rapidement leur voie : elles deviennent durent à manier et le trait de scie part n’importe où. Je ne prends plus de ces lames.

Pour protéger la lame au camp ou pendant le transport le plus simple est de l’entourer, alors qu’elle est bien sèche, par plusieurs tours d’une toile épaisse bien sèche elle aussi, surtout sans mettre de graisse qui ne servirait qu’à capter des grains de terre.

Tarières

En général quatre tarières de diamètres échelonnés suffisent. On retiendra les diamètres suivants : 32, 28, 24, 20 mm. Des diamètres plus grands ne présentent guère d’utilité pour les constructions que tu entreprendras. A la rigueur on pourra utiliser du 36 pour de grosses réalisations mais c’est un maximum, au-delà de ce diamètre, la tarière devient très dure à tourner et il faut percer dans de gros bouts de bois. Tu peux par contre t’équiper en diamètres plus petits, d’abord parce que ces tarières ne coûtent pas cher et qu’elles ne prennent pas de place dans la cantine, elles serviront lors de la réalisation de petits objets plus fins ou lors de la réalisation de sièges (pour les trous des badines)

Il est difficile d’énoncer des règles dans le choix des diamètres de mortaises à percer dans une pièce de bois, retiens seulement que la mortaise supprime des fibres de bois et qu’il doit en rester assez pour que l’assemblage garde une solidité suffisante. Par ailleurs le tenon ne doit pas être trop faible non plus. C’est le diamètre de la mortaise qui conditionne la rigidité de l’assemblage, il faut donc estimer en fonction de l’emplacement de l’assemblage le meilleur diamètre pour obtenir solidité et rigidité. Mais pour éviter les erreurs il est préférable de n’avoir en règle générale qu’un seul diamètre de mortaise par installation à laquelle plusieurs travaillent en même temps. Pour un diamètre de tarière donné, on essayera donc de ne pas prendre de perches ou de rondins inférieurs en diamètre à 2,5 fois le diamètre de la tarière.

Il existe deux types de taille, l’américaine et la française. En fait à chaque fois il faut comprendre Française = ancien modèle et américain = nouveau modèle souvent arrivé en France avec les troupes américaine en 1944. Les tarières « ancien modèle » à couteaux arrondis sont quasiment introuvables sauf dans les brocantes. Elles fonctionnent très bien et sont faciles à affûter. Pour des tarières neuves on ne trouve que le nouveau modèle (voir schéma). L’ennui c’est qu’il n’y a plus que les scouts pour manœuvrer des tarières à la main. Tous les autres font ça à la machine. Et depuis longtemps maintenant on enfonce de l’acier dans le bois : tiges filetées, tire-fonds, boulons… Ceci donne alors qu’on ne trouve plus de queues plates et qu’on ne trouve plus de diamètres supérieurs à 20 mm.  Des magasin,s de style coopérative scoute, proposent des tarières à manches dans de grands diamètres. Malheureusement ces tarières présentent plusieurs défauts malgré leur belle apparence. Voici ces défauts :
La queue se termine par une douille au lieu d’une queue plate. Il faut alors y enfiler le manche et le coincer. L’inconvénient  réside dans les boules d’extrémité qui sont forcément toutes petites et cela n’est pas très confortable pour les paumes.
La vrille est trop courte et de pas trop fin. Il se passe alors deux choses qui réduisent grandement l’efficacité de ces tarières. Comme elle est trop courte, la vrille se plante mal dans le bois surtout les bois tendre et surtout les bois verts qui sont très tendres. On est souvent contraint d’appuyer sur la tarière pour l’obliger à creuser. Cette mauvaise accroche dans le bois est due aussi au faible pas. Les filets sont trop rapprochés et mâchent les fibres au lieu de s’y visser. Ensuite ce pas trop court oblige à mouliner. Et tu perds ton énergie à tourner une tarière sans effort. Il serait bien plus efficace que la tarière progresse beaucoup plus pour chaque tour et qu’un effort significatif soit nécessaire au manche.
La vrille se casse. La vrille, bien que courte, est très fragile sur ces modèles. Pour un rien elle se casse. Tant qu’on est dans du bois vert on ne risque pas trop la casse mais la tarière fonctionne mal comme nous l’avons vu. Si tu viens à percer dans du bois dur ou sec alors tu risques la casse à la moindre pesée non équilibrée. Avec une vrille cassée, la tarière est alors irrécupérable.

Ces tarières fabriquées en Chine pour 1 ou 2 € sont davantage proches de la fonte de de l’acier. Le métal est très dur mais très cassant. La qualité n’a pas évolué car les scouts ne se plaignent pas. Les responsables du site ARWANN ont entamé une recherche afin de proposer aux scouts des tarières de qualité mais cela peut prendre du temps.

tariere

Pour choisir une tarière, examine avant tout la vrille qui doit être longue, large et robuste, son pas doit être important, le pas est l’avancement de la vrille pour un tour. Si le pas est trop faible, tu moulines sans effort et la mortaise n’avance pas. Par ailleurs, un pas trop faible mord mal dans le bois car la vrille a tendance à mâcher trop de bois et plus aucune fibre n’est épargnée. Le bois n’offre plus aucune résistance et la vrille ne s’y visse plus. Une mauvaise vrille ou une vrille endommagée n’est pas capable de tirer la tarière dans le bois et en même temps que tu tournes, tu dois pousser  comme un bœuf sur le manche pour arriver à tirer quelques maigres copeaux.

Faute de mieux procurez-vous des tarières chinoises dans ces coopératives autrement faites les brocantes, les puces, « le bon coin » ou des sites similaires afin de trouver de bonnes tarières. Si la queue est carré et non plate, il est possible d’adapter un manche ou alors de modifier la queue par soudage (demander à un adulte compétent).

Dans les brocantes ou sur le bon coin il est possible encore de trouver d'anciennes tarières. Admirez la vrille, Voila une vrille qui va correctement tirer les couteaux dans le bois
Dans les brocantes ou sur le bon coin il est possible encore de trouver d’anciennes tarières. Admirez la vrille, Voila une vrille qui va correctement tirer les couteaux dans le bois

Pendant le chantier, il est préférable de posséder plusieurs manches pour queue plates. Si l’on possède des tarières à douille il faut les emmancher avec autant de manches qu’il y a de tarières.

Pendant le travail on fera particulièrement attention à préserver la vrille. Elle n’aime pas la terre ni les graviers ni les pierres. Il ne faut surtout pas déboucher dans la terre. Il est indispensable de s’arrêter à temps, de retourner le perçage pour le reprendre de l’autre côté ou alors de le terminer au couteau.

Nous avons parlé de l’importance de bien orienter les mortaises à l’aide de guide de visée ou même un aide qui s’éloigne pour vérifier les verticalités. Avec les nouvelles tailles, lorsque la mortaise est amorcée, il n’est types de tarieresplus possible de la dévier pour rectifier une inclinaison qui ne serait pas celle souhaitée. Avec cette taille, il est difficile de percer des mortaises qui s’écartent de la perpendiculaire au sens des fibres. Dans ce cas, une partie des fibres n’est pas coupée de manière idéale et l’effort pour tourner la tarière augmente beaucoup. La taille ancienne, avec ses couteaux arrondis de part et d’autre de la vrille et qui ressemblent un peu à des cuillères avec un bord aiguisé, prends n’importe quel angle avec la même efficacité. Les copeaux produits ont la forme de coquilles hémisphériques. La mortaise a un aspect moins régulier et il est assez facile de modifier quelque peu son orientation au cours du perçage. La tarière française peut percer le bois de la même manière dans n’importe quelle direction d’attaque par rapport aux fibres, par contre elle réclame un peu plus d’huile de coude pour la tourner que la tarière américaine prise dans le sens optimal.

tariere queue pyramidale et manchetariere irwin oeiltariere queue plate et manche

Il existe des vilebrequins avec ou sans cliquets qui pourraient remplacer les manches de tarière, ce sont là des outils trop compliqués et peu adaptés aux diamètres des tarières utilisées par les scouts en forestage.

tariere couteau droittariere couteau recourbetariere couteau irwin

Il est possible d’affûter les tarières avec un tiers point (petite lime très dure de section triangulaire). Il ne faut affûter que les couteaux ; horizontal et verticaux mais surtout NE JAMAIS TOUCHER À LA VRILLE. Les couteaux verticaux s’aiguisent par l’intérieur, on ne fait rien sur leur profil qui correspond au diamètre.

La plane

Une seule plane suffit en patrouille car c’est principalement un outil de finition et elle sert moins que les trois outils précédents. Avec elle tu parachèveras l’assise de tes bancs ou tu affineras certains tenons. Pour écorcer des pièces de bois elle est irremplaçable. Normalement un scout adroit, maniant bien la hachette et le couteau se passe aisément de la plane mais elle reste incomparable pour une finition parfaite. Cet outil se tient à deux mains et se tire exclusivement. Il faut donc que la pièce à travailler soit bien maintenue. La plane est intéressante car elle permet de travailler directement sur l’installation en cours de réalisation, par exemple un tenon en l’air qu’il faut façonner ou un banc à aplanir.

plane

Pour terminer un banc à la plane tu places une extrémité de ce banc contre un arbre, puis tu enfourches le banc, dos à l’arbre et en avant pour le planage ! Quand la première moitié du banc est achevée, tu retournes le banc et tu termines l’autre moitié. Ceci te permet de ne pas solliciter trop les pieds du banc par tes efforts, c’est le tronc de l’arbre qui encaisse. Pour travailler avec la plane sur des pièces non assemblées tu te serviras d’un banc et d’un acolyte bien portant : la pièce de bois est allongée sur le banc, l’extrémité à travailler dépassant à une extrémité. L’acolyte bien portant s’assoit « normalement » sur  la pièce à maintenir tout en regardant le planeur afin de suivre ses instructions quant à la rotation de la pièce. Comme tous les autres outils la plane doit être parfaitement aiguisée, comme une lame de rasoir. Les copeaux doivent se tirer sans efforts et sans à-coup, le résultat n’en est que meilleur. Pour la protection de la plane il suffit de l’enrouler dans une toile épaisse sèche et sans graisse.

Le ciseau, le bédane et la gouge

Ces outils ont peu d’utilité pour le forestage proprement dit mais ils restent indispensables pour certains assemblages où le couteau ne suffit plus. Ils servent en outre pour des travaux de finition ou même de sculpture. Pour creuser l’empreinte d’une queue de tarière dans un manche en bois, le bédane et le ciseau sont indispensables. Ils servent aussi souvent pour les assemblages en mi-bois (que d’une manière générale nous ne recommandons pas).

ciseau

Il existe un bel assemblage en croix qui sert presque exclusivement à réaliser de magnifiques croix pour l’autel du camp. Pour te lancer dans ce type de réalisation tu auras recours également au ciseau et au bédane. La gouge sert quant à elle à creuser des rainures ou des dépressions, avec elle tu pourras t’essayer à faire des cuillers ou des écuelles. Mais sois prudent on se blesse facilement avec ces outils car on place assez facilement ses mains ou une autre partie du corps dans la trajectoire possible de l’outil ; il faut donc t’imposer de toujours placer la main qui ne tient pas l’outil en arrière de celui-ci  et d’éloigner de sa trajectoire potentielle toute chair tendre. La deuxième règle de sécurité consiste à garder ces outils parfaitement aiguisés. Normalement ciseau, bédane et gouges se poussent à la main sans l’aide de maillet. Il est fortement conseillé de protéger la main qui ne tient pas l’outil par un gant de cuir. Une toile épaisse comme pour les autres outils assure parfaitement la protection et le stockage.

ciseau2

Les coins et la massette

Il est très tentant, lorsqu’on ne possède ni coin ni massette de se servir de hachettes pour fendre une pièce de bois, l’une servant de coin et le dos de l’autre servant de massette. Cette pratique doit être formellement proscrite ; on peut fendre avec des hachettes mais il faut frapper avec des maillets mais jamais avec une masse métallique. Pour le fendage il existe les coins et la massette. Ces outils sont prévus pour que les uns reçoivent les coups de l’autre. Les coins et la massette ne sont vraiment utiles que pour fendre des pièces de bois importantes, la plupart du temps une hachette et un maillet suffiront. Fendre une grosse pièce reste une opération risquée et dangereuse pour les scouts ; si la pièce est noueuse et rétive le risque de rebond de la massette et d’éjection des coins sous la pression des fibres qui résistent est bien réel. Tous les bois ne se fendent pas de la même manière ; ainsi le châtaignier, le saule, l’aulne, le noisetier se fendent si bien qu’on peut en tirer des planches assez fines ; le charme, le hêtre, le bouleau, le frêne se fendent un peu moins bien et il faut jouer de la plane pour retirer toutes les fibres éparses et les éclats produits par le fendage; d’autres essences comme le sapin, l’épicéa ou le pin se fendent mais uniquement par le milieu (à cause de nombreux départs de branches) de plus elles présentent une forte tendance au vrillage ; il existe également des essences si noueuses ou si vrillées qu’elles en deviennent totalement rétives au fendage, ainsi en est-il par exemple de beaucoup de chênes que de toute façon on s’abstiendra de couper car c’est souvent une essence de rapport.

Les coins et la masse sont assez lourds dans une cantine et leur utilisation est assez limitée, il n’est donc pas indispensable d’en posséder en patrouille, en revanche il peut être intéressant que la maîtrise en possède pour que chaque patrouille puisse les lui emprunter en cas de besoin. Il existe des coins en plastique ou en aluminium, ces matériels ne conviennent pas du tout pour le fendage, ils servent en bûcheronnage pour caler les fentes d’abattage faites à la tronçonneuse, leur matière plus tendre que l’acier permet de ne pas endommager les chaînes de tronçonneuses en cas de contact accidentels.

Le mètre et les marqueurs

Le mètre à ruban est l’outil indispensable, il permet de construire précisément. Tes installations n’en seront que mieux réalisées. La patrouille doit disposer de  trois ou quatre mètres à ruban pour les installations. Ces mètres à ruban d’une longueur de 3 mètres te serviront en permanence, ils peuvent se porter à la ceinture à l’aide de leur pince ou tout simplement se fourrer dans la poche. Si la patrouille n’a qu’un seul mètre, les patrouillards passent leur temps à se le réclamer et on perd son temps. Chacun son mètre à ruban et chacun responsable du sien !

metre

Avec le mètre il faut prévoir des marqueurs ou des craies pour repérer les mesures. On a tendance à faire ces repères d’un coup de couteau qui entaille l’écorce mais parfois sur des troncs un peu trop éraflés il devient difficile de distinguer la bonne marque et on se trompe assez facilement ce qui fait que bien souvent la pièce est fichue car coupée trop courte ou percée au mauvais endroit. Grâce à des signes simples et bien identifiables, une craie ou un marqueur permet de donner plus d’informations qu’une simple marque : diamètre et orientation d’une mortaise,  orientation d’une découpe à la scie. Le forestage requière à la fois des marques claires sur les écorces foncées et des marques foncées sur les bois fendus et mis à nu. Il faut des craies et des crayons gras. On peut également prévoir des marqueurs ; désormais il en existe en clair et foncé.

Le sécateur

Même si la patrouille n’est pas au top niveau forestage, le sécateur lui sera d’une grande utilité. Il faut choisir un sécateur avec des manches d’environ 40 cm. Pour récolter et travailler les badines et les perches fines, un sécateur est bien plus pratique et sûr que de le faire avec une scie ou une hachette. Avec ces badines tu pourras confectionner rapidement des claies pour garnir le plateau d’une table ou d’un plan de travail ou pour faire des sommiers souples et confortables. Le sécateur ne présente aucun danger et il peut être confié au novice. Ce dernier n’aura aucune difficulté à réussir parfaitement les claies et les entrelacs.

La machette ou la serpette

Elle est bien pratique et remplace avantageusement la hachette dans tous les travaux d’ébranchage et de débroussaillage mais il faut faire attention car c’est un outil plus léger qu’il faut donc lancer beaucoup plus vite que la hachette, cela requiert beaucoup plus de précision et d’adresse dans les gestes. C’est donc un outil très dangereux. En le maniant sans faire attention on peut se blesser très sérieusement les genoux, les mollets et même les pieds.

Sa véritable utilité réside dans sa capacité d’impressionner certain « hostiles ». C’est donc plus une arme qu’un outil. Mieux vaut ne pas l’emporter au camp.

cisaille

La cisaille

À l’aide d’une vielle tôle et d’une cisaille, Lionceau a réalisé un moule à tarte
À l’aide d’une vieille tôle et d’une cisaille, Lionceau a réalisé un moule à tarte

Même si elle ne devrait pas être classée parmi les outils de forestage, une cisaille à tôle te permettra de découper le fer des boîtes de conserves pour réaliser toute sorte d’objets métalliques dont l’avantage  principal est de résister au feu : cheminée  et porte de four, réflecteur de chandelier, lampe à huile etc. La cisaille permet également de couper du fil de fer, de temps en temps ça peut servir pour réparer des anses de gamelles ou suspendre ces gamelles à un trépied au-dessus du feu.

Avec la cisaille pense à prendre des rivets métalliques et un clou en acier bien dur pour percer des trous dans la tôle, cela te permettra de réaliser simplement de petits assemblages ce qui décuplera tes possibilités. Cette cisaille te permettra en outre de découper proprement d’autres matériaux comme le cuir ou le caoutchouc. Nous n’avons pas dévié du forestage, nous extrapolons la démarche forestage à d’autres matériaux qui, « grâce » à la civilisation, se trouvent à notre portée au camp. Il n’est pas honteux de se servir d’un bidon métallique de même que s’il n’y a pas moyen de faire autrement pour une activité il n’est pas honteux de se servir d’une chambre à air, le principal est de rester dans le beau et le fonctionnel et d’exercer l’adresse des scouts.

Enfin… Le couteau

Quand je parle du couteau, je parle en fait du couteau personnel que chaque scout doit avoir, qu’il aime et dont il ne se sépare jamais. Le couteau est avant même la hachette l’outil à tout faire par excellence, il doit être ton compagnon de tous les instants, fidèle ami que tu portes à la ceinture au camp et que tu as à la main à tout instant, aussi bien sur le chantier des installations que pour tous les actes de la vie quotidienne du camp. Ton couteau est un outil polyvalent, tu n’as donc pas besoin d’une baïonnette, d’une dague, d’un sabre, d’une machette ou d’un coutelas à la Rambo dont les utilisations belliqueuses sont assez éloignées de celles d’un scout pacifique. Il te faut le bon couteau de paysan à tout faire qui servira à table, à la cuisine, au champs, au bois aussi bien que sur le chantier de forestage.

Il faut éviter les couteaux dont la lame pliante n’est pas bloquée car un jour ou l’autre pendant une utilisation non réglementaire ils se refermeront inopinément sur tes  doigts. Les « Opinels » ne sont pas trop mal mais leur lame est trop mince pour faire du forestage et elle tire mal les copeaux, elle se plante sans pouvoir se dégager par un arrondi. Il faut se procurer un couteau muni d’une lame relativement épaisse et solide.

Il existe un excellent couteau en usage au pays des Suomi (l’actuelle Finlande), sa lame épaisse n’est pas repliable et il se range entièrement, lame et manche dans une gaine de cuir discrète et élégante. Ce couteau dont l’origine se perd dans la nuit des temps et dont a forme n’a quasiment pas varié reste le fidèle compagnon des rudes peuplades de la Taïga du nord de l’Europe. Le Puukko, (prononcer Pou-ouk-ko) possède une lame dont l’épaisseur est constante aussi bien en hauteur qu’en longueur. Un large arrondi semblable à celui d’une hachette amène le fil. C’est cet arrondi qui permet à la lame de ne pas se planter dans le bois et de tirer de magnifiques copeaux dont il est possible de moduler l’épaisseur. Avec ce couteau je termine mieux qu’avec une plane et beaucoup plus vite les tenons qui nécessitent une certaine précision. Son manche très ergonomique ne fatigue pas la main et ne provoque pas d’ampoules. Un évasement à la partie arrière du manche permet de communiquer l’effort depuis la main jusqu’à la lame sans être obligé de serrer trop fortement le manche. L’acier de la lame est dur, s’affûte comme un rasoir et garde son fil très longtemps (l’acier de Finlande est réputé pour sa haute qualité).

couteau

Sa lame est forte avec un fil arrondi qui tire parfaitement bien les copeaux des tenons. Sa forme parfaite sn son usage naturel, évident, sans limitation. Sa gaine est totalement enveloppante, elle prend la lame mais aussi le manche qui ne dépasse alors que de quelques centimètres. Grâce à cette gaine, le puukko se sort et se range d’une seule main sans effort. C’est prodigieusement pratique. Presque tous les autres couteaux demandent deux mains pour être dégainé ou rengainés. Le puukko se tire de la gaine et quand on a fini de s’en servir on le laisse retomber dans sa gaine.

Je suggère d’aller faire un tour sur le site www.marttiini.fi . Choisir un modèle sans garde, avec gaine profonde et enveloppante. Les lames en acier noir (au carbone) sont meilleures mais l’inox reste de très bonne qualité et le tranchant nécessite peu de réaffûtages. Choisir une lame entre 9 et 12 cm. Mes modèles préférés sont :

pukko1<- Lynx Lumberjack carbon ; n° 12701pukko2

   Lapp knife 230 ; n° 230010 ->

Pendu à une ceinture additionnelle fine, le puukko deviendra ton plus fidèle compagnon. Pendant le temps des installations, mes scouts portaient leur puukko à la corsaire, ainsi la ceinture et le couteau s’enfilent et se retire sans même dénouer la ceinture.

Choisis ton couteau avec une lame suffisamment épaisse pour qu’elle soit d’une solidité à toute épreuve, les lames trop minces se cassent facilement si elles sont faites d’un bon acier. Casser sa lame, c’est ce qui arrivera au pied tendre qui plante son couteau sur la table, dans un arbre ou, encore plus nul, qui joue à la « pichenette » le fameux jeu triplement stupide :

–  1° qui abîme ou casse les lames des couteaux
–  2° qui permet de se blesser assez sûrement
–  3° qui est un divertissement de désœuvrés indignes de porter l’uniforme scout.

Les blessures du couteau

Il reste encore à dire les choses qui font mal au sujet du couteau : la plupart des scouts qui se blessent au camp le font avec leur couteau. C’est assez simple à comprendre, plus un outil est petit plus il est potentiellement dangereux entre les mains d’un scout. Le cas de blessure le plus fréquent se présente lorsque l’imprudent bricoleur n’a pas imaginé jusqu’où sa lame pouvait fendre l’espace dès que le point de résistance du bois sur lequel il s’acharnait aurait cédé. Pour son malheur, ses doigts, sa paume ou encore son mollet, se trouvaient dans la zone dangereuse. Le couteau remporte donc haut la main (c’est le cas de le dire) la palme des coupures au camp, la scie est nettement moins bien placée, elle affectionne le surtout le dos et la tranche de la main gauche, la hachette fait heureusement un piteux score, il faut dire qu’instinctivement on s’en méfie. Le ciseau est particulièrement dangereux. Machette interdite et masse + coins peu recommandés

Le nécessaire à aiguiser

Pour maintenir le fil de tes outils pendant la durée du camp il te faut posséder un tiers-point et une pierre à aiguiser. Si tu possèdes des tarières à taille française, il te faut en plus une queue de rat. Ce matériel ne te permettra certainement pas d’aiguiser tes outils au camp si tu as omis de le faire avant le départ mais il te permettra une rectification du fil de tes outils après un petit incident.

Pour conserver en bon état tes outils pendant le camp, prévois leur à chacun un emplacement de rangement. Attention, ne vas pas construire un râtelier qui supporterait tous les outils à la fois, c’est totalement inadapté et ça ne fait beau que pour les inspections. En général les outils y sont si tassés que la moitié d’entre eux  tombe du chevalet dès qu’on tente d’un retirer un seul. Plante donc les hachettes de la patrouille dans un billot, accroche les scies à un tenon en hauteur, place les tarières et les manches avec la plane, les ciseaux et tout le petit matériel  sur une étagère. Le tout doit bien sûr être à l’abri de la pluie.

Pendant le chantier il est difficile d’éviter que les outils reposent à terre. Pose-les doucement, sans les jeter, en prenant bien garde de préserver leur fil. En agissant ainsi tu les garderas longtemps en bon état de fonctionnement optimal.

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5 réflexions sur « Outils »

  1. Une façon pour aiguiser vos outils, pendant la duré du camp, est aussi, si vous avez oublié d’apporter votre pierre à aiguiser est de trouver des gros rocher!! c’est très efficace d’utiliser des roches naturelles!

    1. C’est vrai mais il faut choisir des roche à grain fin. Les grès sont parfait, on parvient aussi à de bons résultats avec des schistes ou des ardoise. Le granit est à proscrire.

  2. En pratique, il peut exister des régions ou des situations où le bois est rare…
    Des activités « minérales », associées au sol et à la terre, retrouvent alors toute leur importance.

    Personnellement, je préconise 3 outils de base qui ne sont pas forcément facile à trouver. Ce sont :
    1) petit pic ou piochon (avec éventuellement un côté du piochon en forme de marteau).
    2) pelle plutôt étroite et creuse.
    3) racloir de cantonnier (sorte de rateau sans dent).

    Conseils supplémentaires :
    Partie en acier (nécessairement) à acheter, de petit modèle mais très robuste (contrairement à la pelle-bêche pliante courante).
    Manche court à faire ou à adapter soi-même sur mesure, puis à emmancher en s’inspirant des explications ci-dessus pour « Emmancher un fer de hachette ».

    Dans tous les cas la pelle et le racloir sont très utiles pour effacer ou camoufler les traces de son passage !

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