Compenser les « ratés » d’une éducation

parentsPar Gerfaut.

Une mère de famille me demandait récemment  » peut-on rattraper les ratés de l’éducation ?  » Mon expérience de prêtre comme d’ancien chef de troupe m’a presque instantanément dicté la réponse : « Oui, par le scoutisme ».

les scoutisme atteint facilement ses 5 buts

Il existe de nombreuses étapes dans le développement psychologique d’un petit d’homme qui permettent de compenser à l’étape suivante ce qui a été manqué à l’étape précédente. Cependant il est rare que le résultat soit aussi satisfaisant que dans la période extrêmement féconde des 12-16 ans. Quels sont les ratés courants de l’éducation dans le monde actuel ?

Le manque d’affection :

qui se manifeste jusque vers 7 ans principalement par un manque venant de la mère. Ce manque est causé par le travail de la mère hors de chez elle. Ceci est d’autant plus vrai que l’enfant est petit. Ce manque d’affection ressenti par l’enfant se traduit par un manque de confiance en soi de l’adulte vers 30 ans. La tendance alors sera de surcompenser en devenant tyrannique. La tendance inverse existe pour d’autres configurations de caractères et l’adulte devient un souffre-douleur. Bien entendu, l’amour maternel inclut les punitions, les remarques et les reproches : « mouche ton nez, dit bonjour à la dame, dis merci »

L’absence du père :

c’est le raté dans l’éducation le plus courant vers 12 ans. L’enfant ne craint pas son père parce qu’il est toujours à l’extérieur, parce qu’il a été dévirilisé par la société féministe et qu’il fait toujours le gentil en évitant les conflits, parce qu’il est devenu un gentil consommateur que l’enfant ne peut pas admirer car jamais on ne ferait de chose un peu dangereuses et vaguement défendues : abattre le gros arbre, conduire le tracteur, faire de la spéléo, aller se baigner en hiver dans l’étang (tu ne le diras pas à maman). Très souvent, la mère n’a pas idée que le père absent doit être valorisé. Sans s’en rendre compte, les enfants imiteront son propre comportement envers son mari. Même un père indolent doit être valorisé et, si elle plus énergique par tempéramment, la mère doit donner l’impression que c’est Papa qui décide de tout. Sans quoi le père cessera d’être une référence dans la construction de la personnalité des enfants.

La mentalité zéro risque :

Sa déstructuration de la société en conglomérat d’individus passifs, déracinés, libres et égaux ainsi que la mentalité actuelle « zéro risque » fait régresser le jeune adulte à l’état infantile hyperprotégé. Il fuit naturellement tout sacrifice tout effort, il aime le rêve il n’aime que lui. En conséquence il n’aura ni audace ni goût du risque ni créativité. L’étape de l’insertion dans la société ne suffit plus à restaurer les fondamentaux de la personnalité car l’apprentissage sous un patron rugueux et le service militaire qui fournissaient un point d’appui pour échapper à l’enlisement tiède dans la société de consommation ont quasi disparu.

Le dévergondage sexuel :

L’étape du mariage pourrait encore arrêter la liquéfaction de la personnalité. Il peut arriver exceptionnellement que le jeune homme de 20 ans qui tombe réellement amoureux trouve dans son amour l’énergie et la force de s’arracher à cette vie de larve jouisseuse, paresseuse et révoltée. Mais c’est assez rare car le dévergondage sexuel rend l’amour véritable presque impossible. Plus rare encore, le cas de la fille à la poigne de fer qui fera naître au forceps le chevalier qu’elle devine caché sous le cochon doucereux.

Les moyens mis en œuvre par le scoutisme permettent avec un pourcentage de réussite étonnant de rattraper la plupart des ratés de l’éducation familiale. Si trois, quatre ou cinq ans de scoutisme vers 14 ans laissent un pareil souvenir, une pareille empreinte dans toute la vie, c’est que ces quelques années ont été la renaissance d’une personnalité qui était en train de dépérir. Devenir meilleur rend heureux spécialement quand c’est difficile.

Les 5 buts visés par le scoutisme

Habileté manuelle et sens du concret :

scoutisme les 5 buts pégadogie la méthode scoutele grand camp jette le garçon dans la jungle où il devra tout construire soi-même. La loi non écrite veut qu’on se débrouille avec le minimum d’outils et cela fait partie du jeu. Cette obligation de faire soi-même habitue à la patience : il découvre que l’objet qui a demandé du temps et de la sueur fait beaucoup plus de plaisir que le produit industriel acheté au supermarché. Il lui fait découvrir que la pauvreté rend heureux. Il apprend aussi la patience : faire soi-même avec peu de moyens demande du temps. Plus tard, il acceptera sans difficulté que tout ne lui tombe pas tout cuit, de plein droit, comme une subvention. Novice, il le fait parce qu’il admire le chef. Chef, il délègue alors qu’il aimerait le faire lui-même par plaisir mais il se sacrifie pour les autres et qu’il désire les rendre meilleurs.

Santé et joie de vivre :

Jusque vers 12 ans, le garçon est très peu préoccupé d’hygiène, de vêtements et de coquetterie. Il n’est pas gêné du tout d’être sale, hirsute et vêtu de loques. Tout change vers 12-14 ans. L’émergence de l’instinct social commence à lui donner avec la fierté, le souci du regard des autres. Avec la puberté, son corps commence à prendre de l’importance pour lui. Le scoutisme avec la vie en plein air, le prestige de la force physique, la toilette dans la rivière, l’uniforme qu’on parvient à garder propre même dans la boue, oriente sainement cette préoccupation qui dégénère ordinairement, si les parents n’y mettent pas bon ordre, en coquetterie féminine, en douilletterie, en obsession sexuelle avec le cortège de défauts associés: paresse égoïsme esprit de révolte.

Sens des autres / oubli de soi :

Cette petite société scoute qu’est la troupe et qui exerce tous les mécanismes sociaux fondamentaux tout neufs dans l’adolescent, développe l’amitié sociale : l’expérience que la commodité égoïste n’a aucune commune mesure avec la joie que produit l’entraide mutuelle et la réussite commune. C’est la bienveillance sociale qui amènera à s’investir pour le bien commun, lui donnera une audace et un goût du risque proportionné à la grandeur d’un bien qui dépasse l’individu. Ce que les cours d’instruction civique ont toujours échoué à faire aimer, le scoutisme le réalise par l’expérience et cela de façon durable. Sans effort, le scout est l’ami de tous et le frère de tout autre scout. Il deviendra facilement bien élevé, poli, serviable, chevaleresque envers les faibles. Il suffira de lui rappeler que le devoir du scout commence à la maison pour que les parents découvrent un fils méconnaissable.

Bonification du caractère :

De moins en moins d’enfant ont de nombreux frères et sœurs. L’égoïsme des parents ou tout simplement leur manque de générosité prive l’enfant ou les deux enfants qu’ils ont des joies d’une communauté familiales riche et vivante. Cette communauté interagit favorablement sur le caractère. S’adapter devient vital. Les adaptations au cas par cas mais aussi les conseil, remontrances ou punitions des parents avisés donneront un sens réel et efficace aux amendements de caractère indispensables pour le petit enfant, puis pour l’enfant et enfin l’adolescent. Et si cet environnement a manqué ? Il reste le scoutisme. La vie de patrouille peut encore tout rattraper ce qui n’a pas été acquis en son temps. Une communauté de jeunes ne fait pas de cadeaux et ici, au camp, pas possible d’aller « s’isoler » avec son ordi ou ses potes virtuels. Le jeune doit se couler dans le groupe et gommer rapidement ce qui déplaît et trouver sa place en renforçant ses points sympathiques. Cela sera pourtant plus facile pour lui parce que venant de pairs, cette exigence n’est pas ressentie comme une tyrannie mais semble presque désirable à l’adolescent. L’adolescent désire réellement être accepté et reconnu. La patrouille a la loi scoute pour repère, cette loi est exigeante mais si le groupe la vit à peu près correctement, le jeune garçon essaiera de s’y conformer à son tour ne serait-ce que pour faire comme tout le monde. En cela son caractère va très nettemet s’améliorer, il va facilement devenir patient, bienveillant, compatissant, généreux, poli etc. Cette première expérience à un âge encore malléable lui servira toute sa vie : en famille (parents, belle famille, atelier ou bureau clubs et association, foyer femme et enfants…)

le sens de Dieu :

Le scout échappe à la société laïque à un âge critique. Sa référence est cette micro société où il a vécu trois semaines au camp. Elle est LA société normale ou l’impiété est une tare et où la vertu rime avec audace, force physique, savoir-faire. L’habileté manuelle l’a fait échapper à la mentalité magique que développe le monde des jeux d’ordinateurs. Cinq pierres imbriquées lui font déduire une maison, et la maison lui fait déduire le maçon. Pareillement la nature lui fait découvrir l’œuvre du Tout-Puissant. Pour recevoir le message du Christ il faut déjà être un « craignant Dieu ». Le camp fait de lui un Abraham qui quitte le monde des idoles et adore le Créateur. Les cantiques de la fin de la veillée dans la paix du soir font de lui un contemplatif même si ce n’est que de façon très brève. Ce garçon comprendra alors son catéchisme et la prière en famille comme des portes qui s’ouvrent vers le monde réel : la patrie de l’éternité pour laquelle il est normal de combattre. Car il a appris aux scouts que rien de bien ne se fait sans peine. Et il arrive ainsi que le petit païen convertisse ses parents.

Rien n’est perdu !

Un adolescent de 14 ans à qui il a manqué une mère bonne et vertueuse, de nombreux frères et sœurs pour s’assoupir le caractère, un père craint et respecté qu’il peut admirer, peut rapidement restaurer tout ce qui lui a manqué dans son enfance à cet âge critique des 12-17 ans qui correspond à l’âge scout. Peu de moyens sont aussi simples à mettre en œuvre et aussi efficaces que le scoutisme, pourvu qu’il y ait un bon chef qui comprend la méthode et un bon aumônier qui ne s’imagine pas que la piété à elle seule donnera un jeune homme de caractère qui ose, qui a confiance en lui, et qui est bon parce qu’il n’est pas faible.

Il aurait été vain à pour une mère prise de remords d’essayer de materner le grand adolescent pour lui rendre ce qu’il n’a pas eu à deux ans. Le résultat serait inverse. Il en serait de même pour un père qui ne se serait pas fait craindre et respecter par l’enfant de 5, 6 ou 7 ans. À 14 ans, il est trop tard mais tout n’est pas perdu : il y a le scoutisme.

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