Plusieurs modes de progression.
Il existe plusieurs façons de se rendre d’un point à un autre, ces façons dépendent de la mission mais aussi de la nature du terrain. Il faudra apprendre à choisir le bon mode de progression. En Forêt de Rambouillet qui est relativement plate et pénétrable dans la grande majorité de ses parcelles, on pourra progresser à l’azimut sur de longues distances, c’est à dire en suivant une direction donnée par la boussole. Dans les collines du Morvan c’est une autre histoire, l’azimut se révèle difficile, car en ligne droite on risque fort de monter et descendre pour rien. Chacun a remarqué que la marche à l’horizontale, demande moins d’effort que grimper ou dégringoler des pentes. On risque aussi de traverser des haies touffues à chaque fois qu’on aborde une zone de bocage. On va donc essayer de suivre des chemins, mais comme rarement il y a un chemin qui va exactement du point A de départ au point B de l’arrivée, il sera judicieux de sauter de tronçon de chemin en tronçon de chemin. Ces sauts pourront être effectués à l’azimut sur de courtes distances. Dans d’autres cas il n’y a pas de chemins du tout, ceux qui ont parcouru le parc Uhro Kekkonen en Laponie comprendront ce que cela signifie vraiment. Il faut absolument comprendre le terrain pour choisir son mode de progression. Mais dans tous les cas on a besoin de confirmer sa position au cours de la progression, il faut savoir vérifier l’orientation des éléments de terrain qui se présentent. Il faut savoir calculer ou relever un azimut aussi bien sur table que sur le terrain.
Calculer un azimut sur table
sur la carte on trace au crayon (sans trop appuyer) l’axe de sa progression qui passe bien sûr par les points A et B . Ensuite on repère quelle ligne verticale du quadrillage kilométrique coupe cet axe et on la trace. Ensuite, on inscrit correctement les flèches sur les axes : une vers le nord et une dans la direction de la progression. Si on saute cette opération c’est le plantage quasi assuré. Après, à main levée, on trace l’arc de cercle orienté (avec une flèche) depuis la direction du nord vers la direction que l’on souhaite suivre. Cette précaution est très importante si on veut marcher dans la bonne direction et non pas dans la direction opposée. Une fois cette opération capitale effectuée, on se saisit du rapporteur et on mesure l’angle. (si on ne sait pas se servir d’un rapporteur, retourner en classe de CM1).
Attention, un rapporteur ne mesure les angles que de 0° à 180°. Si par exemple on marche plutôt vers l’ouest, l’angle mesuré devrait avoisiner 270° et cela dépasse l’étendue de mesure du rapporteur. Dans ce cas, on sait que pour passer de la direction nord à la direction sud on a 180° en plus. On va donc mesurer l’angle depuis le sud jusqu’à la direction de marche et on n’oublie pas d’ajouter ces 180° (du nord vers le sud). Attention, si on progresse presque vers le nord ou presque vers le sud, l’angle ainsi dessiné sera très fermé et assez difficile à mesurer. Dans ce cas on trace l’axe est-ouest du quadrillage à la place de l’axe nord-sud et on rajoutera 90° ou 270° à l’angle relevé au rapporteur. Ouf, c’est fait ! On a relevé l’angle de marche par rapport au nord du quadrillage, c’était la première étape.
La deuxième étape consiste à porter les corrections afin de changer de référence et d’obtenir cet angle par rapport au nord magnétique. Pendant cette opération on a toutes les chances de se tromper si on n’opère pas comme indiqué : il faut repérer le schéma des 3 nord dans un coin de la carte. Les angles y sont indiqués ainsi que la variation annuelle de la déclinaison magnétique. (Attention à ne pas travailler avec de trop vieilles cartes car cette variation magnétique n’est pas vraiment constante d’une année sur l’autre). Ensuite il faut tracer le schéma suivant et placer les arcs avec leur valeur. Avec un peu de réflexion on voit ce qu’il faut ajouter ou retirer pour obtenir la valeur finale à afficher sur la boussole.
Nous insistons beaucoup sur la nécessité de dessiner ce schéma à chaque fois, c’est la seule façon de voir s’il faut ajouter ou retrancher les corrections.
Il y a ceux qui n’ont pas de rapporteur d’angle dans leur trousse topo (et qui vont maintenant en acheter un). Pour eux, il est possible de se servir de la boussole comme rapporteur. La mesure est moins précise mais l’avantage est de pouvoir mesurer des angles de 0° à 360° (le tour complet). Attention, il n’est pas nécessaire d’orienter la carte pour relever l’azimut, on peut donc oublier l’aiguille de la boussole. La méthode est similaire à celle du rapporteur. On aligne le bord du châssis de la boussole le long de la direction de marche et dans le sens de la marche (dans le sens de la flèche). Ensuite on tourne la loupe mobile de manière à aligner les repères du nord loupe boussole sur ceux du nord quadrillage de la carte. Relever l’angle au niveau de l’axe de la boussole, dans le sens de la marche, bien sûr.
Apporter les corrections nécessaires pour parvenir à l’azimut par rapport au nord Magnétique (comme vu précédemment).
Cette manière de procéder directement avec la boussole est beaucoup moins précise qu’avec un rapporteur mais elle se fait rapidement. Ce sera cette méthode qu’on utilisera sur le terrain pour opérer des vérifications.
Prenons un exemple : au cours d’un jeu on débouche sur un chemin. En consultant la carte, il semblerait que ce soit tel chemin mais on n’en est pas absolument sûr. On relève alors l’azimut du chemin où l’on se trouve et on vérifie sur la carte l’orientation du chemin qu’on pense avoir rencontré. Si les orientations correspondent c’est bon (ce peut être un chemin parallèle évidemment mais supposons qu’on ne s’est pas planté si lourdement). Dans ce type de vérification, pas besoin de précision et il est possible d’oublier les 3 nords et faire comme s’ils se confondaient.
Il faut absolument savoir relever rapidement l’orientation d’un élément sur la carte, c’est l’opération de vérification qui sert constamment. Vérifier souvent l’orientation des éléments de terrain rencontrés permet de ne pas se tromper pendant une progression à la carte. Pour faire souvent ces vérifications il faut savoir les faire rapidement et sans se tromper. N’oublions pas que nous avons 3 éléments d’orientation : la carte, la boussole et le terrain et à chaque vérification les 3 éléments doivent concorder. Le gars qui ne sait pas jongler astucieusement avec ces trois éléments finira par se tromper et se perdre.
Relever un azimut sur le terrain
Nous venons de voir comment relever un azimut sur la carte mais qu’en est-il sur le terrain. Par exemple on croises un chemin et tu veux en connaître l’orientation. Facile : on prend la boussole dans la main gauche (droite pour les gauchers). On se place dans la direction du chemin sans lâcher la boussole et on tourne sur soi tout entier et non pas seulement la main, jusqu’à ce que le châssis de la boussole soit bien dans l’axe du chemin. Si on ne fait pas ainsi, c’est le plantage assuré. Surtout on ne s’occupes pas (encore) de l’aiguille, on la laisse faire ce qu’elle veut.
Ensuite, sans bouger la main qui tient la boussole, de la main droite on tourne la loupe mobile de manière à ce que les repères du nord tracés sur la loupe viennent encadrer la partie rouge de l’aiguille. Attention pendant cette opération il ne faut pas bouger, ni la main qui tient le châssis de la boussole ni le corps. Sinon la mesure est fausse. Hop ! c’est fini, et tu regardes la valeur sur la graduation circulaire.
Mais éventuellement tu n’as même pas besoin de relever cette valeur, tu gardes bien la position de la loupe mobile et tu reportes ta boussole ainsi réglée sur la carte pour opérer la vérification sur la carte. En plaçant le bord du châssis de la boussole sur ledit chemin tu dois voir les repères du nord se placer à la verticale sur la carte (à peu près). Si c’est bien le cas c’est que le chemin sur la carte est orienté comme celui où tu te trouves, il y a de grandes chances que ce soit bien les mêmes.
Suivre un azimut
Tracer un azimut sur une carte est relativement court, il est plus long et plus subtil de le suivre sur le terrain, une multitude de détails revêtent une importance capitale.
Première étape: régler la boussole sur la valeur de l’azimut à suivre. Il suffit de tourner la loupe mobile de la boussole pour venir mettre la graduation de l’azimut à suivre en face du repère qui correspond à l’axe de la boussole. À cette occasion, il faut faire attention aux graduations. Souvent, l’intervalle entre deux graduations correspond à 2°. Attention donc à ne pas régler la boussole à 104° au lieu de 102° par exemple.
Parfois la boussole est en grades ou en millièmes.
Deuxième étape: attacher la boussole à son poignet ou passez le cordon autour du cou pour ne pas la perdre. Dans les ronces ou les fougères épaisses, on laisse assez facilement tomber sa boussole. S’il fait nuit ou si quelqu’un vient à marcher dessus, bonjour les dégâts !
Troisième étape : prendre l’azimut et partir. Il n’y a que le premier pas qui coûte. Au cours de votre marche à l’azimut, vérifiez régulièrement que votre boussole reste toujours bien réglée, surtout si le cadran mobile est un peu trop libre.
Si on décide de suivre un azimut sur seulement quelques centaines de mètres pour aller rattraper un chemin sensiblement perpendiculaire à l’azimut, il n’est pas besoin de suivre exactement l’azimut. À quelques degrés près, on va nécessairement tomber sur le chemin cible.
Lorsque l’azimut est plus long et que le but à atteindre est un point particulier, alors la précision est de rigueur. Prenons par exemple, une erreur de 2 degrés sur un azimut de 5 km. À l’arrivée, le décalage sera : tang(2°) x 5000 m = 175m. Ce n’est pas négligeable, surtout en terrain boisé. On passe à côté du point et on continue jusqu’à ce que la patrouille se révolte. Ou alors au lieu de passer sur le bord de l’étang, comme le montrait le tracé sur la carte, on passe en plein milieu. il est assez rusé de décaler un peu son azimut à droite ou à gauche et d’être ainsi certain que le point cible se trouve à coup sût à Gauche ou à droite d’un repère très facile à identifier. (chemin, rivière, falaise…)
Prendre la visée de l’azimut est très simple. Il suffit de s’appliquer un peu. On prend la boussole bien à plat dans la main (main et boussole toujours attachées à votre poignet), la flèche de l’axe de la boussole bien perpendiculaire à la ligne des épaules et à la ligne des pieds. Ensuite, on tourne tout son corps pour venir positionner l’aiguille magnétique du Nord entre les repères du nord de la loupe. Il est très important de tourner le corps d’un bloc et non seulement le bras. Le but est de toujours avoir la ligne des épaules bien perpendiculaire à la flèche dans l’axe de la boussole. Une fois que l’aiguille magnétique du Nord et la flèche Nord du cadran mobile coïncident, on relève la tête en suivant bien la flèche de l’axe de la boussole et on trouve sur cet axe un point de repère à quelques dizaines de mètres et on marche dessus puisqu’avec tout son corps on est déjà dans la bonne direction. Une fois ce premier jalon atteint, on recommence l’opération et encore et encore.
Le point de repère choisi doit être reconnaissable, si on le quitte des yeux, on doit être capable de le retrouver. C’est assez dur dans la forêt où tous les arbres se ressemblent. C’est pourquoi on ne doit pas chercher des repères lointains mais au contraire très proches. Si on hésite sur son point de repère au bout de quelques pas, hop ! On reprend une visée. Même si le terrain est très dégagé il ne faut pas prendre des visées trop lointaines, 20 à 50m, pas plus. S’il n’y a pas de points tant pis (désert, prairie, causse…), on prend la direction de la boussole et on avance et lorsqu’on commence à perdre la mémoire de la bonne direction on reprend l’azimut. Lorsqu’il y a du soleil c’est nettement plus facile, on peut garder un certain angle par rapport au soleil ou par rapport à sa propre ombre. Cependant attention, le soleil tourne, pas très vite certes mais il tourne tout de même et en une heure sa progression est d’environ 15°.
On va dire que cette méthode manque de précision. Bien au contraire, elle est très précise, car les nombreux écarts et approximations se moyennent automatiquement. Le danger ne vient pas de là. Deux énormes erreurs guettent le débutant.
Erreur N° 1 : Croire que la boussole ne fonctionne pas bien et qu’elle tire à gauche ou à droite. S’il n’y a pas de bulle dans la loupe et si l’aiguille tourne bien, alors la boussole fonctionne parfaitement. ET IL FAUT LA CROIRE. L’impression de tirer à droite ou à gauche est totalement subjective. Il faut toujours se plier à la direction indiquée.
Pour être franc, une boussole peut débloquer : mais il est très facile de s’en apercevoir. Il peut arriver une inversion des polarité de l’aiguille. Dans ce cas l’aiguille rouge montre le sud et non pas le nord. Ceci peut arriver lorsqu’on n’a pas été soigneux avec sa boussole et que pour une raison ou une autre elle s’est trouvée soumise à un fort champ magnétique alors qu’elle se trouvait bloquée plus ou moins à l’envers de ce flux.
Erreur N° 2 : croire la boussole mais corriger instinctivement. Cela se produit lorsque, devant choisir entre une petite déviation à gauche ou à droite pour progresser dans les taillis, on choisit systématiquement le « à droite » ou le « à gauche ». Chacun est droitiste ou gauchiste sans le savoir. Il faut donc bien équilibrer les déviations et reprendre très souvent l’azimut. En général au bout de vingt mètres on a perdu la direction. Avec l’habitude on reprend la direction juste en tournant la main qui tient la boussole sans tourner tout le corps mais ça c’est pour les Kékos. Le véritable secret de l’azimut c’est de prendre très souvent la visée. Car le savez-vous ? Le meilleur homme des bois livré à lui–même TOURNE EN ROND dans la forêt (si le soleil est caché). En 30 mn il a accompli un cercle parfait en tournant vers la gauche ou vers la droite, pourtant persuadé d’être allé tout droit. Il faut donc se raccrocher en permanence à la boussole et croire à la stabilité du magnétisme terrestre encore plus fortement qu’à la gravité ou l’intemporalité de Dieu.
Contournement d’obstacle : Lors d’un contournement d’obstacle (étang, champs), il faut prendre un bon point de repère de l’autre côté de l’obstacle afin de pouvoir contourner cet obstacle en toute tranquillité. Il vaut mieux prendre quelque chose de vraiment repérable même si ce n’est pas dans l’axe, on corrigera ensuite. Un arbre parmi d’autres, et vu de loin, n’est pas un bon repère sauf s’il s’agit d’un sapin parmi des chêne. Si on ne trouve pas, on envoie un scout de l’autre côté. Il se positionnera de l’autre côté de l’obstacle et vous servira de point de repère. Soit vous le guidez, soit il prend une boussole et il s’assure qu’il est bien placé par rapport à vous en vous visant avec sa boussole mais avec l’aiguille blanche du sud et non la rouge du nord. Vous avez compris qu’il faut choisir un scout assez intelligent pour cette opération.
L’autre méthode, lorsqu’on est seul, c’est de se fabriquer un repère à l’endroit où l’on se trouve. Une fois ce repère en place, on fait le tour de l’étang et on se déplace jusqu’à ce qu’on puisse visser se repère à l’envers, c’est à dire en mettant l’aiguille blanche du sud entre les repères de visée, et non plus celle du nord qui est rouge.
Ordre de marche : Lorsqu’on marche en patrouille à l’azimut, il faut que le topographe soit nettement en tête. Ce dernier peut alors s’arrêter pour prendre son azimut sans bloquer tout le monde. Chacun comprend que, pour garder le même rythme que ceux qui suivent, le topographe devra trottiner entre les fréquents arrêts pour reprendre la visée. Le topo s’occupe de tracer la voie, en ne ménageant pas sa peine. Les autres derrière peuvent le suivre à « l’économie », c’est beaucoup moins fatigant. Le topo peut se faire accompagner d’un novice pour l’initier à l’azimut. Il faut cependant qu’il garde bien le contact visuel avec le reste de la patrouille. Le CP contrôle de temps en temps la route et gère la bonne marche de la patrouille. Il faut rester silencieux afin de pouvoir surprendre des animaux et ne pas se faire repérer par les visages pâles.
Suivre un azimut à l’aveuglette, sans carte, n’est pas très intéressant. C’est pourquoi Le topographe prendra soin d’identifier sur la carte tous les obstacles rencontrés sur son azimut. Cela lui permet de corriger sa route s’il dévie et ça lui permet de vérifier sa position en permanence. La carte est juste une aide. Si on a décidé de suivre un azimut, il ne s’agit pas, à la première difficulté rencontrée, de continuer sur un chemin, une route ou la bande d’arrêt d’urgence de la voie rapide.
De temps en temps, le topographe jettera un regard sur sa montre pour avoir une idée de la distance parcourue. En forêt, il faut compter 3 km/h pour les scouts et 2,5 km/h pour les guides. Un azimut de 2 km qui dépasse deux heures ce n’est pas normal. À ce moment, il ne faut pas jouer au bourrinos maximos, voire au crétinos maximorum. Poser son sac, étaler la carte et réfléchir. Le champ magnétique terrestre étant stable c’est forcément autre chose qui a cloché. (On est parti à l’envers, l’azimut fut mal calculé, le cadran est mal réglé).
Suivre un azimut est assez fatiguant physiquement et éprouvant pour les nerfs car on a toujours l’impression de se perdre dès que les repères font défaut. Mais, alors que la nuit tombe et que le vent se lève, quelle satisfaction lorsque, en s’extirpant d’un fourré ou en sautant lourdement un fossé, se dévoile soudain le calvaire que la patrouille devait atteindre. L’intendance du bivouac est là quelque part, astucieusement planquées par le chef.
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Comprendre le relief et les cours d’eau