Le lieu de camp

Par Loutre

Le camp est le point d’orgue de la vie scoute. C’est le territoire de l’aventure. Il doit être à la hauteur de celle que vont vivre les scouts ou les guides et souvent c’est le lieu de camp qui conditionne l’aventure, pas forcément son intensité mais son orientation ou sa coloration.
Il est difficile de donner des critères précis sinon que le lieu de camp doit faire rêver. En le découvrant, les scouts ou les guides doivent intimement sentir qu’ils sont « arrivés », qu’ils sont chez eux, et que c’est là qu’ils vont bâtir leur cité et conquérir la contrée.
Essayons tout de même de donner quelques indications.

ISOLÉ

Le camp doit être relativement isolé. Si on campe dans un parc, évitons d’être en vue du château. Évitons aussi d’être en vue d’une route, même peu passante. (ceci pour la vie du camp mais aussi pour la sécurité). À la rigueur on tolérera qu’un GR passe à proximité. Il vaut mieux se retirer loin des habitations même si c’est là qu’il faut aller chercher l’eau. Normalement on devrait accéder au camp par un chemin de terre juste carrossable.

EFFICACE

Le lieu de camp doit permettre aux patrouilles de s’aménager un coin bien à elles sans être trop éloignées du Kraâl ni trop près les unes des autres.
Il doit aussi offrir largement de quoi se fournir en bois de construction (ce point sera vu avec le propriétaire, bien entendu).
Idéalement il y a de l’eau potable sur le lieu. Dans le cas contraire on va chercher l’eau plus loin avec des bidons et une carriole, au pire avec la voiture. On peut aussi acheter de l’eau en bouteille. Pour le reste, idéalement il y aura un étang, une rivière, un torrent, un ruisseau. Au pire le fermier apportera une tonne (attention, l’eau part assez vite).
Il doit enfin permettre d’aménager les lieux de troupe : Kraâl, esplanade des couleurs, aire de veillée, chapelle.

BEAU

Enfin, presque le plus important, le lieu doit être « beau », c’est-à-dire faire rêver. Je le répète, en le découvrant, les scouts et guides doivent immédiatement imaginer l’aventure qui les attend. Pour ce critère je n’ai pas de conseils particuliers, c’est le chef qui jauge cela en découvrant lui-même le lieu de camp et bien souvent, le lieu de camp est le reflet de la valeur du chef (ou de son l’ambition pour son unité).

S’Y PRENDRE TÔT

Le lieu de camp doit être fixé le plus tôt possible dans l’année. Au pire, l’affaire doit être verrouillée avant le mois de janvier. Si le lieu de camp est connu dès la rentrée scoute, c’est encore mieux, cela permet au chef d’unité de mener son année efficacement en fonction de l’aventure du camp.
Si on tarde trop, le nombre de lieux disponibles de raréfie et souvent on doit se contenter d’un lieu pas terrible qui donnera souvent un camp médiocre.

Si on souhaite camper à l’étranger, il faut impérativement avoir son lieu de camp avant la rentrée scoute et l’avoir reconnu. À l’étranger tout peut devenir plus compliqué et les problèmes de transport sont importants. Ainsi, des éclaireuses qui devaient camper en Irlande ont dû réserver leur passage en ferry Roscoff-Cork en octobre (8 mois avant). Pour les trajets aériens, c’est pareil si on veut des prix bas. Souvent un camp à l’étranger se prépare sur deux ans, justement à cause du transport. J’ai des exemples en Laponie, en Roumanie, en Irlande, en Écosse, en Belgique, au Canada…

PRÉVOIR LE FINANCEMENT

Il est tout à fait possible de camper près de chez soi. Mais les jeunes aspirent à découvrir d’autres contrées, d’autres pays. Dans le cadre des critères déjà expliqués, le chef essayera d’aller un peu loin. Le voyage risque alors de devenir le poste le plus important du camp et des parents risquent de grogner devant le prix du camp. Dans le cas d’un tel camp, dès le début de l’année il faut mettre en place des actions pour gagner de l’argent afin de soulager les frais. Il faut ensuite suivre et relancer ces actions tout au long de l’année. Souvent, pour simplement réserver des places, il faut débourser des sommes importantes, le solde est a verser environ un mois avant le départ. Souvent le chef aura intérêt à se faire épauler par des parents compétents et doués.

Lorsqu’on se lance dans une telle aventure, il faut prendre tous les moyens pour réussir ABSOLUMENT. C’est pour cette raison que le lieu de camp doit être verrouillé AVANT le début de l’année, pour avoir ce souci en moins et pouvoir se consacrer pleinement aux autres tâches.

Je peux donner l’exemple pour un camp de 40 scouts, chefs et aumônier à 600€ par tête qui a pu être ramené à 300€ grâce à tout type d’actions tout au long de l’année (ventes, travaux, subventions, sponsor, prêt de véhicule…)

TROUVER LE LIEU DE CAMP

C’est la tâche la plus importance et c’est pour cela que je la traite en dernier. Il y a plusieurs approches.

Consulter le fichier national

On détermine une région et dans cette zone on recueille les adresses des lieux de camp. Cela peut donner des résultats mais on est très souvent déçu et même atterré des lieux de camp dont ont pu se contenter d’autres unités. Ensuite on téléphone et on va voir, ou l’inverse.

Consulter les unités qui tournent bien

Ces unités sont connues, en général elles campent dans des lieux intéressants. On pourra se référer à celles qui font des articles dans le magazine. On nouera des contacts pendant les CEP. Cette méthode donne de bons résultats. En outre le chef qui a déjà fait ce camp donne des idées et des contacts. Il explique aussi ce qu’il aurait pu ou dû faire. C’est une excellente approche pour un chef qui débute dans le scoutisme.

Consulter son réseau

Dans notre entourage, parmi les familles des scouts il y a de nombreuses possibilités. Il faut en parler longtemps à l’avance. Attention, le rendement est faible, souvent ces gens ne savent pas vraiment ce qu’est un camp scout et proposent des terrains qui ne conviennent pas du tout.

Mais parfois on tombe sur LE lieu de camp. C’est pour cela que cette piste n’est pas à négliger. Il est important de retenir qu’il faut en parler longtemps à l’avance. « tiens, l’année prochaine, nous avons l’intention de camper en Auvergne, auriez-vous des lieux ou des tuyaux ». et paf ! on aprend que l’ami de Truc est conservateur des eaux et forêt dans ce département et que… ou alors que M. X possède un haras et 500 Ha… ou alors que M. Y était chef de troupe dans sa jeunesse et qu’il a campé à tel endroit.

Découvrir soi-même

D’abord il faut savoir dans quelle région on veut camper.
Ensuite il faut avoir une idée assez précise du lieu du type de lieu camp cherché (pâture, bois, causse, rivière, lac/étang…)

Nouveaux outils

Les méthodes ont changé. Avant on prenait sa voiture et une liste de contacts et on partait à l’aventure. Lama est ainsi partit 6 jours en Laponie Finlandaise et a fini par trouver LE lieu de camp. Bien sûr la carte est indispensable, lorsqu’on devient un cador en topo, on flaire rapidement où dénicher les lieux de camp.

Maintenant on peut être encore plus efficace sans même bouger de chez soi. Profitons des nouveaux outils mis à la disposition de tous. Coogle-map, Google-earth, Street-view et autres. En maîtrisant la topo, on voit immédiatement ce qui peut faire un beau lieu de camp. On se rend comte des chemins, des bois, de la densité de population, des sites caractéristiques… on peut même aller voir sur place grâce à street-view qui propose principalement des vues en été.

Un lieu de camp en Irlande trouvé par google-map

Un fois le ou les coins repérés, on peut demander les coordonnées du propriétaire à la mairie, à des commerçants du village ou à des gîtes dont on trouve les N° de tél. Les plus doués peuvent consulter le cadastre et atteindre directement le propriétaire.

Un exemple : Je voulais absolument camper en Irlande. En fouillant toute l’Irlande j’ai rapidement flashé sur le Querry. Dans le Querry, j’ai fouillé partout jusqu’à trouver au pied de la chaîne de montagnes Macgillycuddy’s Reeks, une vaste pâture entourée d’arbres et bordée par un torrent. Cela paraissait être LE lieu de camp. Cela devait certainement appartenir à un fermier, mais impossible de trouver ses coordonnées. Je n’obtenais aucune réponse à mes demandes courriel en mairies (et c’était trop aléatoire pour moi de comprendre l’anglais d’Irlande au téléphone).
Nous y sommes donc allées. Le lieu de camp était encore plus beau que sur Street-view. Et sur place nous avons trouvé le fermier du premier coup (charmant et accueillant). Une poignée de main et l’affaire était conclue. Les 3 jours suivants j’ai sillonné la région pour imaginer au réel toute l’aventure du camp. Ensuite tout le reste a pu être traité par téléphone, courriel et Skype.

Utiliser Géoportail IGN pour obtenir la vue carte IGN en ligne, on peut ainsi se déplacer sur toute la France et repérer encore plus efficacement le relief, les noms et les sites intéressants pour les jeux et l’explo.

La randonnée

Citons encore une autre méthode pour découvrir, très efficace aussi celle-là. Sillonnons les régions, celle où nous passons nos vacances ou celles où nous avons de la famille. Hop ! quelques jours de randonnée hors des sentiers battus. Immanquablement nous découvrons des lieux magiques. Notons les bien sur la carte, un jour ils nous serviront. Mustang a ainsi déniché un superbe lieu de camp attaché à un haras. Le propriétaire, hyper sympa a découvert le scoutisme et depuis ce sont bien une trentaine de camps qui se sont tenu chez lui. Même chose pour des prairies en « timbre-poste » dans de hautes collines boisées, sur les lieux d’un ancien maquis.

Repérer plusieurs endroits sur Google-map. aller voir ou téléphoner.
Cussey sur Lison avec Google Map
Cussey sur Lison correspondance avec géoportail IGN
Préparer ses explos et ses jeux comme si on y était.

 

Retour à Organiser l’aventure
aller voir à Diriger son unité