Article 10

bouton scoutLe scout est pur dans ses pensées, ses paroles et ses actes

Cet article est mis en valeur parce qu’il a été placé en dernier. Il demande une analyse plus poussée et un certain recul pour bien le présenter.

Que veut dire pur ? Pur signifie sans mélange : un métal pur. Et par extension, sans détours et sans duplicité. Et c’est une des conditions pour être disciple de notre seigneur Jésus-Christ : “ voilà un véritable fils d’Israël en qu’il n’y a aucune duplicité. ” ( JO, 5). « que votre oui soit oui et que votre non soit non« 

Une pensée ou une intention pure est avant tout une pensée ou une intension sans mélange.

La Pureté d’intention englobe bien sûr la pureté de la chair mais ne s’y réduit pas.

Il est clair que la pratique parfaite du 10e article de la loi suppose ou implique la pratique de tous les autres articles : Si le scout est pur dans ses pensées ses paroles ses actes, il méritera confiance, il sera loyal envers ses bienfaiteurs, ses supérieurs, ses subordonnés. Il appliquera le minimum de bienveillance envers le prochain : ne pas le tromper, ne pas lui nuire. Si sa langue est droite et qu’il n’a pas d’arrière-pensée, il sera chevaleresque. De même pour le travail : un travail mal fait est un travail menteur. Celui qui n’est pas pur dans ses pensées ses paroles ses actes, sera toujours lâche et faible devant la difficulté (3e article et huitième article) Tous les autres articles ne pourront être appliqués qu’à hauteur de l’application du 10ème. On n’applique pas le 10ème ? Alors on n’applique aucun des autres articles. On applique à moitié le 10ème ? Alors on n’appliquera qu’à moitié les 9 autres articles. C’est là une des raisons qui justifient la place du 10ème article à la fin de la loi. Cependant il existe une autre raison, plus technique celle-ci: le 10ème article est placé à la fin de la loi tout simplement parce que les tentations d’impuretés (de la chair) ne menacent le scout qu’en deuxième moitié de sa carrière scoute, à partir de 14 -15 ans environ. Ainsi la pratique de tous les autres articles pendant la première moitié de son parcours aura fortifié et développé sa volonté, aura habitué sa nature déchue à obéir à la raison (comme pour le rappel à Port-Mort) C’est grâce à la pureté d’intention acquise et fortifiée par la vie scoute en première phase qu’est combattue l’impureté de la chair en deuxième phase.

Expliquons un peu plus en détail.

Imaginons un garçon qui commence à se laisser “ scotcher ” par les images indécentes qui s’étalent partout. S’il n’a pas l’esprit de pauvreté, s’il ne se confesse pas régulièrement, s’il cesse de lutter contre ce genre de curiosité, Il tombera tôt ou tard dans des péchés d’impureté solitaires. La honte et le dégoût instinctif qui suivent très rapidement ne lui laissent pas ignorer qu’il a commis un péché, certainement pas le plus grave aux yeux de Dieu , mais celui qui fait le plus de dégâts dans sa personnalité d’adolescent. Il ne faut pas surtout pas confondre cette honte avec de la contrition. La honte c’est se cogner le crâne contre les murs en disant qu’on est un pécheur abominable. La contrition c’est la volonté ferme et réaliste, sans duplicité, de prendre les précautions pour ne plus retomber avec l’aide de Dieu. Le sentiment de honte est le révélateur instinctif d’une lèpre qui commence à ronger toutes les autres qualités. Prenez un sale truand et imaginez qu’en parlant d’un autre, ce truand dise : « celui-là c’est un branleur ”, il veut bien parler du péché mais il veut dire vraiment :  » c’est un paresseux, un fabulateur, un menteur, un lâche. » (N’utilisez pas ce mot grossier maintenant que vous savez ce qu’il veut dire, ni aucun autre d’ailleurs). Ce truand n’est nullement indigné par l’offense faite à Dieu, il décrit seulement les conséquences de ce péché quand il est devenu un esclavage : il ronge lentement toutes les bonnes qualités d’un homme. Il lui fait perdre sa fierté, son courage, sa force de caractère, sa prévoyance, son autorité naturelle. Toutes les grandes qualités acquises aux scouts et qui auraient servi toute la vie peuvent pourrir en l’espace de quelques années. Et ceci uniquement par l’impureté si elle devient une habitude, si on renonce au combat, si on fait comme les autres. Le respect humain tyrannise le jeune homme qui devient esclave de ce genre de péché, il n’osera plus se montrer chrétien de peur qu’on ne vienne lui dire : Allez, allez ! tu n’es qu’un cochon comme les autres, comme nous”. Il perdra rapidement confiance en lui-même parce qu’il n’ose plus défendre ce qui lui est sacré et il perdra peu à peu toute confiance en Dieu. Car il faut une bonne dose de confiance en soi pour avoir vraiment confiance en Dieu. Peu à peu il détestera cette religion qui réveille sans cesse sa conscience et il tournera le dos au seul moyen qui lui restait de sortir définitivement de son esclavage.

Ces péchés, personne ne les aime. Tous, même les païens, seraient heureux d’en être exempt mais un scout a plus de facilité qu’un autre à résister, à combattre. Tout simplement à cause de la discipline de la loi qu’il observe depuis longtemps, tout simplement à cause de l’esprit de pauvreté. Et puis il y a toujours l’aumônier qui peut le conseiller à l’occasion d’une confession. Lorsqu’il trébuche à ce passage de la vie, il sait qu’il n’est pas le premier à avoir trébuché, il sait que beaucoup se sont relevés. Alors profitons de ces instants privilégiés passés aux scouts pour s’entraîner à suivre Jésus Christ non pas en paroles mais en actes. Au camp, pas de musique lascive, pas d’images sales, pas de mauvaises conversations, pas de tentations. Aimons, aimons passionnément cette vie au camp qui n’est autre qu’un grand jeu. Aimons cette vie qui commence à ressembler à celle du ciel et persuadons-nous vraiment que le reste est sale et qu’on ne veut pas l’aimer, ni le désirer, ni même le voir.

Il existe un trésor facile à ravir, c’est l’esprit de pauvreté et c’est aux scouts qu’on le trouve et désormais nulle part ailleurs. L’amour des choses simples et belles, l’amour de la simplicité restera toujours la meilleure des prédispositions pour résister à l’impureté. À l’issue du camp, revenons dans le monde, armés dans notre tête, sains dans notre corps, clairs dans nos yeux, capables de nous émerveiller sur toutes les beautés de la nature qui se livrent aux seuls cœurs purs. Nous tiendrons plus facilement, plus longtemps, nous nous fortifierons plus rapidement.

Alors la suite vient d’elle-même : au camp on vit dans la pureté joyeuse, et c’est très facile : pas d’histoire grossière, pas d’éructation volontaires ou autres bruits incongrus, pas de gros mots, pas d’injures, un minimum de pudeur (surtout pour les filles), on fait l’effort de s’habiller avant de passer à table. Le soir avant de s’endormir on rêve des installes, du jeu, de l’aventure… Et le reste n’existe pas.

Maintenant déplaçons-nous vers une zone pas très claire et jetons-y la pleine lumière. Il existe une manière plus honorable et donc bien plus dangereuse de transgresser le 10ème article : les réunions de plaisir, dansantes ou non, entre garçons et filles. Nous disons bien des réunions de plaisir : ces réunions dont le but est le plaisir. Nous ne parlons pas des activités mixtes ayant une fin utile comme la charité, la formation, l’apostolat ou même la détente à caractère sportif. (Ceux qui ne comprennent pas auront un dessin). Dans ces réunions de plaisir, la relation entre garçons et filles est fondamentalement impure, parce qu’elle est basée sur le mensonge.

Le garçon fait le Joli cœur. Il est souriant, chaleureux, sûr de lui, il manifeste de l’intérêt, de la sympathie, de l’amitié même alors que de façon inavouée, il désire découvrir comment s’y prendre pour plaire aux filles, comment manipuler leur vanité. Il désire ensuite jouer et jouer encore à ce jeu fortement émotif. Ce rallyman, ce fêteur recherche essentiellement le plaisir physique et l’émotion sensuelle. C’est un jouisseur parasite qui s’est revêtu de l’apparence de la responsabilité. Insensiblement se glisse en lui et s’enracine l’idée que la vie normale c’est le paradis immédiat sur la terre…

Certes, ce menteur trompe une menteuse. Cette jeune fille qui ronronne et qui se montre si affectueuse, si amicale, cherche à épanouir le pouvoir qu’elle soupçonne dans ses attraits physiques. Elle aspire à se placer au centre d’une cour d’admirateurs qui développeront toute sorte d’attentions pour elle. Elle vise aussi à s’enivrer de cette sensation forte dans les bras d’un garçon qui n’est encore qu’une ébauche d’homme. Alors elle fait semblant de l’admirer et de l’estimer pour ce qu’il n’est pas. Tout cela est impur car faux et mensonger. Le langage de l’amour est beau et grand mais dans le cas des réunions de plaisir, ce langage de l’amour est perverti pour nourrir des égoïsmes.

On nous dit que ces braves jeunes apprennent à se connaître, qu’ils trouveront plus facilement et plus sûrement à se marier… en réalité ils apprennent à se manipuler, à se flatter mutuellement, ils apprennent à jouir tout simplement. C’est le goût de la richesse, de la vie facile, de l’irresponsabilité et de la mollesse qu’ils s’inoculent définitivement.

Lui va perdre tout bon sens il va devenir insolent et ingrat envers ses parents. Il va caresser des rêves extravagants d’argent facile, de luxe et de plaisirs… c’est le chemin de la paresse, de la vraie paresse, celle qui peut mener à la clochardisation. Pour la fille, c’est encore plus dangereux : car en plus de l’insolence et de l’ingratitude, elle perd alors toute pudeur et toute prudence. C’est toute une vie qui peut basculer et c’est irréversible, il n’y a pas de nouvelle partie ni de « reset » pas plus que de seconde chance.

Mais ne parlons pas du malheur qui peut arriver, même à quinze ans si l’un tombe vraiment amoureux face à la duplicité de l’autre.

Tel scout qui avait grandi par la loi promettait d’être un bon serviteur de Dieu. Mais s’il triche avec l’observation du 10ème article, alors celui-là perd en 2 ou 3 ans tout le bénéfice de ses efforts précédents. Par tricher nous entendons qu’il ne combat pas, qu’il biaise, qu’il ne veut pas vraiment choisir. Cette situation, il ne peut la cacher longtemps. Il est CP ou second, il connaît assez de technique et il reste un temps parce que le commandement est valorisant. Mais il élude les responsabilités, il perd sa créativité parce qu’il n’a plus d’amour pour sa patrouille. Il devient égoïste, exigeant pour les autres, grossier. Mais aussi il devient dur avec les petits, il se fait servir, délègue toutes les activités pénibles, devient douillet, frileux, manque les sorties. Il fera encore un camp d’été où il ne retrouvera plus la joie d’autrefois, sa patrouille perdra les concours. Il devient injuste, et perd le goût du commandement parce qu’il sent que son autorité n’est plus légitime. ( » le camp c’est trop austère » avons-nous entendu une fois). Il commence alors à tricher avec la confession… Il ne reviendra pas l’année suivante et il ne sera pas chef, ça c’est certain. Finalement il quitte la troupe, comme ça il récupère du temps pour tous les plaisirs à portée de téléphone, de clic ou de télécommande. Les études marchent encore mais la recherche du plaisir rend myope puis aveugle. Si le milieu social est permissif alors viendra la descente aux enfers que de plus en plus suivent en troupeaux compacts. Il suffit de regarder pas très loin de chez nous et même chez nous parfois pour trouver de ces situations très moches.

Et pourtant, la vie aurait pu être belle, comme elle l’était à 12-14 ans au camp : un grand jeu ! Même les corvées font partie du grand jeu. Cela aurait été si facile, il aurait fallu observer la loi et écouter ceux qui avaient déjà parcouru avec succès une bonne partie du raid à travers la jungle du monde. C’est à ceux qui n’arriveront jamais au bout de cette longue piste que s’adressent ces paroles du livre du deutéronome (28,47): “ parce que tu n’a pas voulu être le serviteur de ton Seigneur dans la joie de ton cœur, tu seras l’esclave de ton ennemi dans la faim, le dénuement et l’indigence. ”

article 9
vivre la loi

2 réflexions sur « Article 10 »

  1. Bonjour,
    Par rapport à cet article 10, Mon mari est commissaire internationale en ce moment, pourtant il me demande le divorce avec des motifs mensongers pour avoir le divorce au plus vite (changement de comportement brusque en 2 mois et demande de divorce brusque également sans parler à nos témoins, pasteurs etc mais en déposant directement une procédure de divorce au tribunal… pourtant il est « chrétien ». Et en même temps il s’affiche toujours aux autres comme une personne « pure dans ses pensées ».
    Est-ce un comportement correct chez un scout surtout de ce niveau? J’en doute mais j’aimera avoir votre avis car il est en train de tromper tout le monde, tout en sachant que dans tous les cas j’éviterais au maximum de souiller son nom, même s’il souille la mienne. Je suis également scout.

    1. Chère sœur dans le scoutisme,
      puisque vous vous adressez à nous dans le scoutisme, je peux vous répondre qu’un scout doit respecter sa promesse jusqu’à la mort. Bien sûr c’est un idéal et souvent on tombe. Cependant, jamais il ne faut « s’installer » dans le rejet d’un des articles. Si le chemin paraît difficile, on se relève et on continue dans la même direction, on ne change par de direction, parce que ça paraît plus simple, plus facile ou plus tentant. Appliqué aux adultes, l’article 10 et l’article 3 expriment bien la fidélité du mari envers sa femme et ses enfants. La sincérité est malheureusement aujourd’hui le prétexte pour ne pas tenir ses engagements et c’est mal.
      Mais puisque que vous semblez chrétienne, vous devez savoir que Notre Seigneur Jésus-Christ interdit absolument le divorce. Cependant, comme la promesse scoute est une digue bien fragile face aux passions humaines, il ne reste guère que la crainte de Dieu et de l’enfer pour retenir un homme qui voudrait être infidèle à sa femme. Un prêtre vous dirait que vous ne pouvez pas empêcher votre mari de trahir sa parole, et que tout ce que vous pouvez faire, c’est prier pour qu’il se convertisse. Il vous dirait aussi qu’il ne faut pas laisser la rancune ou la haine empoisonner votre cœur. De votre côté, restez fidèle à votre parole jusqu’à la mort, en faisant votre possible pour que les enfants ne souffrent pas trop de cette situation qui risque de les détruire s’il a quelque haine ou rancune.
      Courage, vous n’êtes jamais seule, le Christ mais aussi la Sainte Vierge veillent sur vous et vous donneront la force de faire votre devoir dans cette situation difficile.

      Fraternellement
      Lama

      La sincérité est
      aujourd’hui le prétexte pour ne pas tenir ses engagements.

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